L’art de l’écart : la recette pour échapper aux lions et aux guépards

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Plutôt que d’essayer de battre vainement leurs prédateurs de vitesse, les zèbres et les impalas comptent sur leur capacité à faire des manœuvres, notamment de brusques écarts.

Les lions et les guépards sont plus rapides et plus forts que leurs proies mais les zèbres et les impalas compensent par une tactique surprenante: ralentir et faire brusquement un écart pour échapper à leurs prédateurs, affirment des chercheurs. Pour une proie, fuir à toute allure est une erreur car cela facilite la tâche des félins qui courent plus vite qu’elle, soulignent ces scientifiques dans la revue Nature. « Si la proie est déjà au maximum de sa vitesse, elle ne peut pas accélérer et ses mouvements deviennent prévisibles, explique à l’AFP Alan Wilson, professeur au Royal Veterinary College de l’Université de Londres. Les chasses qui se font à une vitesse relativement réduite favorisent la survie des proies car cela leur donne la possibilité de faire des manœuvres », ajoute-t-il. Les chiffres le montrent: les lions (qui poursuivent les zèbres) et les guépards (qui ciblent les impalas) échouent deux fois sur trois quand ils chassent. Les données de l’étude ont été recueillies dans la savane du nord du Botswana, grâce à des colliers high-tech équipant neuf lions, cinq guépards, sept zèbres et sept impalas, une sorte d’antilope. Tous les animaux étaient sauvages et libres de leurs mouvements. Plus de 5.500 courses ont été surveillées. Les colliers ont enregistré l’endroit, la vitesse, l’accélération, le nombre de foulées, et la capacité de changer de direction, générant une mine d’informations sans précédent.

En outre, les chercheurs ont pratiqué des biopsies pour mesurer la puissance musculaire. Ils ont constaté que les lions et les guépards étaient nettement plus athlétiques que leurs proies: ils sont 38% plus rapides, 37% meilleurs en accélération et 72% meilleurs en freinage. Leurs muscles étaient également 20% plus puissants. Malgré ces avantages, les zèbres et les impalas gardent leur chance d’échapper aux griffes des félins, en faisant brusquement un écart. « Ce sont les proies qui définissent le trajet de la course et elles savent non seulement s’enfuir mais tourner au dernier moment », explique Alan Wilson. A noter que ces félins ont leurs proies de prédilection. Les lions, qui sont grands, ne pourchassent pas les impalas, trop rapides pour eux s’ils sont en bonne santé, mais le zèbre. Et les guépards, agiles et rapides, s’attaquent rarement aux zèbres, trop grands pour eux, préférant déguster les impalas.