Le ministère polonais de l’Environnement a remis en question vendredi les preuves apportées par la Commission Européenne devant la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) censées démontrer l’existence de coupes illégales dans la forêt de Bialowieza.
Lors d’une audience de référé, le 11 septembre au Luxembourg, la représentante de la Commission a notamment présenté des images satellite de la forêt de Bialowieza. Ces photos étaient censées prouver des coupes menées par la Pologne en dépit de l’ordre donné fin juillet par la justice européenne de suspendre l’abattage d’arbres dans ce massif héritier des grandes forêts primaires d’Europe. Ainsi, selon la Commission, cet ordre provisoire n’était pas respecté. La Pologne « a constaté que les documents apportés par la Commission n’ont aucune valeur en tant que preuves compte tenu de leur faible qualité, a déclaré le ministère de l’Environnement dans un communiqué. Selon Varsovie, ces documents sont imprécis et il n’y a aucune possibilité de vérifier la date et le lieu où ils ont été recueillis, ce qui remet en question leur fiabilité ».
Une réponse en ce sens a été adressée à la CJUE. Le ministère a réaffirmé que la Pologne respectait la décision de la justice européenne et qu’elle ne procédait à des coupes que pour des raisons de sécurité publique. Le porte-parole du ministère a également déclaré que la Pologne a demandé d’exclure de la procédure le vice-président de la Cour de la Justice de l’UE Antonio Tizzano à qui elle reproche le manque d’impartialité lors de la dernière audience. « Je peux confirmer qu’une telle demande a été déposée », a déclaré Aleksander Brzozka, cité par l’agence PAP. Pour Varsovie, le juge a donné des conseils à la représentante de l’UE sur les sanctions à demander. D’après les médias polonais, la représentante de l’UE n’était pas bien préparée et le juge Tizzano est intervenu pour lui suggérer des éléments de procédure.
Le 25 mars 2016, le ministre polonais de l’Environnement avait donné son feu vert à un plan controversé permettant de développer l’exploitation du bois dans ce massif forestier, pour répondre aux attaques d’insectes xylophages. Mi-juillet 2017, la Commission européenne a introduit un recours en manquement contre la Pologne devant la CJUE. Mais cette procédure dure un an et demi à deux ans, ce qui a poussé Bruxelles à introduire une requête urgente. La décision de la Cour est attendue début octobre.