La mouche drosophile évalue de petite ou grande quantité grâce à des neurones visuels

Melani Marfeld de Pixabay

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Melani Marfeld de Pixabay
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La mouche drosophile, petit insecte de choix pour la science, sait évaluer des quantités d’objets, a confirmé une équipe de l’Institut du cerveau, en identifiant le genre de neurones à l’oeuvre.

« La capacité à percevoir des informations liées à des quantités existe chez de nombreux vertébrés et invertébrés », a expliqué la post-doctorante Mercedes Bengochea, neuro-scientifique, dans un communiqué de l’Institut du cerveau. Une capacité documentée aussi bien chez des primates que des poissons ou même des abeilles.  Reste à découvrir les circuits neuronaux rendant possible cette tache, dans laquelle il n’est « pas besoin de connaître le concept de nombre pour distinguer entre un, deux, plusieurs et beaucoup », ajoute la première autrice de l’étude parue la semaine dernière dans Cell Reports.  C’est là qu’entre Drosophilia melanogaster, minuscule insecte ne dépassant pas quelques millimètres de long, que tout amateur de fruits a vu tourner autour d’une corbeille. Facile à élever, elle est un cobaye idéal pour quantité d’expériences, notamment en génétique.    En l’occurrence un « modèle de choix pour étudier la cognition », selon la membre de l’équipe Développement du cerveau. Les chercheurs savaient que, face à une menace, la petite mouche a tendance à ajuster son comportement en fonction du « nombre de congénères susceptibles de l’aider ». De là à imaginer qu’elle peut évaluer ce nombre?  L’équipe a placé la mouche dans une petite arène, sur les parois de laquelle se trouvaient face à face deux groupes distinct de formes noires. Et filmé la « zone de préférence » où la mouche volait. Conclusion, la drosophile préférait généralement le groupe contenant le plus d’objets. Trois contre un, ou bien huit contre quatre.   Cette capacité d’évaluation du rapport entre deux quantités, très répandue chez les animaux, l’est donc aussi chez la drosophile. Mais le véritable apport de l’étude est d’expliquer comment. Les chercheurs ont identifié une colonne de neurones, les LC11, située dans le lobe optique, et indispensable pour cette tache.   Une fois ces neurones neutralisés, les mouches ne montraient plus de préférence pour une quantité plutôt qu’une autre, grande ou petite. Or, selon le communiqué, ces neurones LC11 sont impliqués dans la stratégie de défense de la mouche face à une menace.  Pour Bassem Hassan, responsable de l’équipe Développement du cerveau, cela conduit à penser que « la capacité à évaluer des quantités a été déterminante dans l’évolution des invertébrés ». Avec des solutions cognitives « finalement très simples ».