Dans la région semi-aride de Caatinga au nord-est du Brésil, les habitants et agriculteurs se tournent de plus en plus vers l’utilisation de biodigesteurs, un dispositif technique utilisé pour produire du biogaz qui permet de créer son propre combustible de cuisson et son engrais à partir d’une source renouvelable : le fumier animal.
Inspirée du modèle indien, la construction de biodigesteurs artisanaux a débuté en 2008 à Pernambuco au Brésil. Cette technologie est composée d’une caisse de chargement, chargée d’eau et de fumier, d’une cuve de fermentation isolée de l’air atmosphérique et d’une caisse de déchargement. Les matières se décomposent et génèrent du biogaz, notamment du méthane, qui peut ensuite être utilisé pour la cuisine, remplaçant ainsi les bidons de gaz de pétrole liquéfié (GPL) disponibles dans le commerce. Cette technologie d’énergie renouvelable a un impact positif sur la qualité de vie des familles d’agriculteurs. En effet, en raison du coût élevé du GPL, il est courant de cuisiner sur des poêles à bois, ce qui est nocif pour la santé humaine en raison de l’inhalation de fumée et des cendres générées. Cette pratique est également néfaste pour l’environnement, car elle nécessite d’abattre des arbres pour fournir du bois de chauffage et du charbon de bois.
La région semi-aride de Caatinga au Brésil où sont expérimenté les biodigesteurs est en grande majorité déboisée et est désormais soumise à la désertification. L’extraction constante de bois augmente les taux de déforestation y compris sur les terres appartenant à de petits agriculteurs, ce qui a un impact négatif sur la biodiversité et génère des pertes économiques à long terme. La création de biogaz avec cette technologie est donc un moyen de réduire la pression qui pèse sur cette zone qui souffre de l’extraction de bois pour produire de l’énergie. En plus de contribuer à l’économie des ménages et d’avoir un impact positif sur la santé humaine et l’environnement, l’utilisation du fumier des fermes d’élevage voisines pour produire du méthane réduit les émissions de gaz à effet de serre et empêche la prolifération des mouches et autres parasites grâce au nettoyage continu des étables.
La production de biogaz permet également de créer du biofertilisant, c’est-à-dire du fumier à faible teneur en gaz et riche en nutriments qui peut être utilisé comme engrais organique pour les vergers et les cultures des exploitations familiales. Pour le moment, les experts estiment à environ 2 000 le nombre de biodigesteurs en service au nord-est du Brésil et de plus en plus de ces dispositifs sont mis en place dans d’autres régions du pays.
