De l’importance de protéger la biodiversité des sols

Photo d'illustration ©Irish83 de Pixabay

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À l’occasion de la journée mondiale des sols qui a eu lieu le 5 décembre, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a publié une évaluation mondiale de la biodiversité de ce monde souterrain.

Dans le cadre de la journée mondiale des sols, le 5 décembre dernier, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a fait appel à quelques 300 experts pour constituer une évaluation mondiale de la biodiversité des sols. Ils ont mis en commun leurs connaissances et leurs données pour décrire la diversité de ces organismes, les rôles qu’ils jouent dans les environnements naturels et agricoles et les menaces auxquelles ils sont confrontés.

Le rapport souligne que bien souvent, les scientifiques concentrent leurs recherches sur les plus grande et les plus petites créatures du sol (taupes, fourmis ou bactéries). Seulement, entre les échelles des animaux et des microbes macroscopiques se trouvent des milliers de minuscules créatures longtemps négligées : la micro et méso faune. Cette diversité crée un écosystème riche et complexe qui stimule la croissance des cultures, décompose les polluants et peut servir de puits presque inépuisable pour le carbone. Certains organismes du sol favorisent la diversité végétale et beaucoup ont produits des composés importants, allant des antibiotiques aux pesticides naturels.

Comme le rappelle l’écologiste microbien, spécialiste de la biodiversité des sols et des interactions plantes-microorganismes Philippe Lemanceau dans un entretien avec l’Institut National de la Recherche Agronomique, l’alimentation et l’environnement (INRAE), les sols et leur biodiversité sont essentiels pour l’humanité. La FAO explique qu’environ 40% des animaux trouvent refuge dans le sol pendant une partie de leur cycle de vie. Ainsi, Philippe Lemanceau rappelle que ces habitants de toute taille rendent de nombreux services écosystémiques et que cette biodiversité est essentielle à l’alimentation, l’environnement et la santé. La productivité primaire des sols est utile pour les hommes, mais également ses ressources génétiques pour des applications biotechnologiques et pharmaceutiques : ainsi de la pénicilline, produite par un champignon du sol et découverte au début du siècle dernier. Les services de régulation des cycles biogéochimiques, du cycle de l’eau ou encore des bio-agresseurs et des maladies, rendent les sols indispensables à la vie.

Philippe Lemanceau explique à l’INRAE que pendant longtemps, les sols ont été considérés essentiellement comme un support physique et un réservoir d’éléments minéraux nécessaires à la croissance et au développement des plantes. Cachés sous la terre, ces écosystèmes semblaient à l’abri des perturbations en surface. Le rapport énumère cependant une douzaine d’activités humaines qui font payer un lourd tribut aux organismes du sol, notamment la déforestation, l’agriculture intensive, l’acidification dues aux polluants ou encore la salinisation due à une mauvaise irrigation.À travers ce rapport les chercheurs espèrent élever les consciences et crée l’émerveillement des lecteurs sur ce monde invisible riche afin d’encourager la protection des organismes

Le 4 décembre la Commission européenne a lancé l’Observatoire européen des sols, une plateforme web de données permettant de suivre les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs européens en matière de santé des sols. Ce projet vise à soutenir l’élaboration des politiques en en fournissant aux services de la Commission et à la communauté élargie des utilisateurs des sols les connaissances et les flux de données nécessaires à la sauvegarde des sols, de soutenir la recherche et l’innovation de l’UE sur les sols et de sensibilisation de la société à la valeur des sols. Un des objectifs est de faire en sorte que 75% des sols soient sains d’ici à 2030. Le Centre commun de recherches (JRC) de la Commission en charge de gérer l’Observatoire, fournit déjà des données sur les sols aux niveaux européen et mondial. Il semblerait qu’à l’heure actuelle, 60% des dols européens seraient dégradés.

Rapport FAO

Entretien de Phillipe Lemanceau à l’Inrae

Observatoire européen des sols