La France joue un rôle majeur dans le trafic d’espèces au sein de l’UE

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Avec des millions d’espèces transitant chaque année vers et depuis la France, cette dernière est un acteur majeur, au sein de l’Union européenne, du commerce légal et illégal de la faune et de la flore mondiales. Elle a ainsi une responsabilité pour empêcher la surexploitation du vivant, affirme un nouveau rapport.

Dans un nouveau rapport paru à l’occasion de la journée mondiale des espèces sauvages, le 3 mars, le WWF et l’ONG TRAFFIC ont publié un rapport mettant en lumière le rôle de la France métropolitaine et d’outre-mer dans le commerce d’espèces sauvages inscrites à la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). Au sein de l’Union européenne, le pays sert à la fois de marché final et de zone de transit: avec plus de 28 millions de spécimens importés entre 2008 et 2017 (principalement des reptiles, coraux, plantes et sangsues), il est l’un des trois premiers pays importateurs d’espèces sauvages en Europe. « En tant que premier (ré)exportateur d’espèces CITES de l’Union européenne, la France est un hub du commerce d’espèces sauvages. Elle joue un rôle commercial clé, notamment du fait de l’importance de certaines grandes industries utilisant des espèces sauvages sur son territoire, et par sa position géographique centrale, avec l’un des plus grands aéroports d’Europe, Paris-Charles De Gaulle« , explique le WWF dans un communiqué.

La France se positionne également comme pays d’origine dans le commerce d’espèces CITES, notamment du fait de ses 12 territoires d’outre-mer à la grande diversité biologique. Entre 2008 et 2017, 45 millions de spécimens ont été directement exportés depuis la France ou avaient la France pour pays d’origine. « Partie à la CITES depuis 1978, la France, à travers ses multiples rôles de pays importateur, ré(exportateur) et pays d’origine, a donc la responsabilité de veiller à ce que le commerce d’espèces sauvages soit durable, légal et traçable« , souligne le WWF. Mais malgré son rôle dans le commerce légal, la France est impliquée dans le commerce illégal d’espèces sauvages, avec près de 4000 saisies rapportées entre 2008 et 2017. Durant cette période, plus de 2 millions de spécimens ont été saisis, notamment  des mammifères (vivants et leur corps, parties ou produits), des oiseaux (vivants ainsi que leur corps, parties ou produits), et des reptiles vivants. « D’après les données disponibles,  le trafic repose en partie sur le transport aérien, puisqu’un quart des saisies réalisées en France métropolitaine ont eu lieu dans les aéroports, et notamment à Paris-Charles de Gaulle. »

Dans leur rapport, le WWF et TRAFFIC font des préconisations à la France, afin de garantir la mise en œuvre de la CITES et de mettre un terme au commerce illégal d’espèces sauvages. Ils promeuvent notamment:

  • Le renforcement de la coopération, la coordination et la communication entre tous les organismes en charge de l’application de la CITES en France, mais aussi avec les principaux pays d’exportation et de destination de spécimens d’espèces sauvages issus du commerce illégal ;
  • La bonne application de la loi au sein des aéroports français, et en particulier à Paris-Charles de Gaulle ;
  • la formation régulière du personnel des autorités de gestion, scientifiques et d’application de la loi.

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