🔻 Le thon jaune de l’océan indien au centre d’une querelle entre UE et États côtiers

Photo d'illustration © Wibowo Djatmiko / Wikimedia

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L’Union Européenne a été accusée d’ »hypocrisie et de néocolonialisme » pour avoir proposé des mesures insuffisantes pour lutter contre la surpêche du thon jaune, aussi appelé albacore, alors qu’elle en est le plus grand pêcheur dans l’océan Indien. Des ONG et pays côtiers demandent des actions concrètes pour restaurer les populations.

L’océan Indien, bordé par l’Afrique, l’Asie et l’Australie voit sa population de thons jaunes être prise d’assaut, non pas par les pays qui l’entourent, mais par l’Union Européenne (UE). Les pays de l’UE, et plus précisément la France et l’Espagne, ont développé une flotte de 43 navires qui pêchent à des milliers de kilomètres de chez eux, dans l’Océan Indien. En 2019, ils ont capturé 70 000 tonnes de thon jaune, soit plus que les États côtiers tels que l’Iran (58 000 tonnes), le Sri Lanka ou les Maldives (44 000 tonnes chacun), rapporte le journal d’informations britannique The Guardian. Le média anglais explique qu’une querelle a éclaté entre l’UE et les petits États côtiers en développement dont l’économie dépend directement des ressources présentes dans l’océan Indien. Un ancien responsable de la pêche des Seychelles a accusé l’UE « hypocrisie et de néocolonialisme ». Les Maldives ont quant à elles qualifié les propositions de l’UE visant à reconstituer les populations d’albacores de « lamentablement insuffisantes ».

Les navires de l’UE sont les principaux utilisateurs de dispositifs de concentration du poisson (DCP), ces objets flottants qui projettent une ombre pour attirer des groupes de poissons. Les navires jettent leurs filets de pêche à proximité des DCP, ce qui augmente le nombre de prises avec le moins d’efforts possibles. Seulement, cette technique augmente le risque de capture accidentelles, notamment des thons juvéniles qui ne se sont pas encore reproduits, souligne The Guardian. Des supermarchés et marques comme Tesco, Co-up et Princes ont étonnamment pris la décision récente de se joindre aux scientifiques et ONG environnementales pour réclamer des mesures sévères afin de reconstituer les populations.

Ces questions se posent à l’approche d’une réunion de la Commission des thons de l’océan Indien (CTOI), l’organisme de réglementation chargé de la gestion des stocks de thons, qui commencera le 8 mars 2021. L’UE et les Maldives, sur les 33 parties concernées, ont fait des propositions à la CTOI pour réduire la surpêche et reconstituer les populations. Les Si les Maldives, très pauvres et dépendantes des ressources de l’Océan Indien, ont proposé les réductions les plus sévères pour reconstituer la population d’albacores, l’UE prend moins d’engagement à ce sujet et ne propose pas non plus de mesures visant à réduire l’utilisation des DCP qui, selon les ONG, sont à l’origine du déclin de la population, rapporte The Guardian. Selon la Global Tuna Alliance (GTA), un organisme indépendant représentant les détaillants et les marques, le résultat est clair : la proposition de l’UE permettrait de réduire de 6 % les captures d’albacore en 2021 par rapport aux niveaux de 2014, tandis que celle des Maldives signifierait une réduction de 14 %. Le GTA a accueilli favorablement les deux propositions, mais a déclaré que celle des Maldives était « beaucoup plus proche » de ses propres appels à une réduction de 20%.