Cézallier

1895
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Sur les cartes de France, c’est une zone blanche, un peu comme sur les cartes du désert ou de la steppe. Là, il n’y a rien. Le pointillé de la frontière entre Puy-de-Dôme et Cantal traverse ce rien, aussi arbitraire que celui qui sépare Turkménistan et Ouzbékistan. Inutile d’aller visiter la Mongolie, c’est là qu’elle se trouve, en réduction, dans cette zone dont personne n’a entendu parler. Un compromis entre l’Asie centrale et le Far West : le Far Centre.

Le Cézallier est l’une des régions les plus méconnues, les plus secrètes et les plus fascinantes de France. Ce massif, qui ne portait pas encore de nom à la fin du XIXe siècle, est situé en plein coeur de l’Auvergne, à cheval sur le Puy-de-Dôme et le Cantal, entre deux massifs beaucoup plus connus, celui du Sancy et celui des Monts du Cantal. Sur la carte de France, c’est un blanc. À l’exception de quelques maigres hameaux, il est quasiment vierge de présence humaine, de routes et d’infrastructures. Ses paysages de hauts plateaux illimités ressemblent plus à la Mongolie qu’à la France. C’est un vaste dôme volcanique, qui s’étend entre 1000 et 1550 mètres d’altitude.

Cézallier
Photos Emmanuel Boitier ; texte Pierre Jourde
Revoir éditions
Parution avril 2017
128 pages
Prix : 32,00 €

Le Cézallier n’avait jamais fait l’objet d’un beau livre, ambitieux, qui le célèbre par un témoignage littéraire et visuel de qualité. La plume authentique et forte de Pierre Jourde et les images ciselées d’Emmanuel Boitier en traduisent et en transmettent la grandeur des paysages et de l’espace, donné ici sans restriction. La fréquentation assidue de certains paysages influe nos manières de penser, de rêver, nos rythmes intérieurs. Cet éloge du (presque) vide, du rien et de l’épure y parvient sans conteste et nous touche au coeur et à l’âme.