Les échouages de baleines à bec pourraient résulter d’un comportement anti-prédation (2 mn)

Photo © BirdEL de Pixabay

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Les échouages de cétacés de plus en plus fréquents ont été liés à l’utilisation de sonars par les bateaux. Une étude montre que, chez les baleines à bec, un lien serait à faire avec le comportement d’évitement des prédateurs, telles que les orques.

Il est connu de la science que l’utilisation de sonars peut causer la mort de cétacés, notamment chez les baleines à bec, en provoquant des échouages massifs. Les raisons en sont toutefois encore mal comprises. Une nouvelle étude suggère que l’explication est à chercher du côté des mécanismes d’adaptations développés chez les baleines au fil des millions d’années pour échapper aux orques affamés. En effet, le comportement de plongée des baleines à bec semble façonné par un désir irrésistible d’éviter ces prédateurs, à tel point que tout son ressemblant à leurs vocalisations, tel qu’un sonar, suscite une réponse de stress intense. Des scientifiques, dont Natacha Aguilar de Soto de l’université de La Laguna, en Espagne, ont cartographié les comportements de plongée de 26 baleines – 14 baleines à bec de Blainville et 12 baleines à bec de Cuvier – marquées au large des îles Canaries, du Golfe de Gênes et des Açores. Les données des balises ont brossé un tableau de comportements furtifs et synchronisés, motivés par une seule chose : échapper à la prédation. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]

Les données ont révélé que les baleines d’un groupe synchronisent leurs plongées profondes et ne commencent à vocaliser que lorsqu’elles atteignent une profondeur de 500 m. Le temps pendant lequel elles font du bruit pour la recherche de nourriture se limite à environ cinq heures par jour. Or si elles se nourrissaient toutes à des moments différents et faisaient du bruit tout au long de leur plongée, elles seraient un gibier facile pour tous les orques à proximité. Par ailleurs les baleines à bec ne remontent pas verticalement. Au lieu de cela, elles montent à un angle imprévisible, faisant surface à un point qui peut se trouver à un kilomètre horizontalement de l’endroit où elles ont commencé leur ascension.

Les chercheurs pensent que cela permet aux prédateurs d’avoir moins de chances de deviner où elles pourraient faire surface. Cette coordination et cette furtivité ont un coût: l’efficacité de la recherche de nourriture des baleines à bec est réduite en raison du temps plus long qu’il leur faut pour monter et du fait que pendant leur recherche de nourriture, elles sont liées par une sorte de « laisse acoustique » aux autres membres de leur groupe. Ce comportement a conduit les chercheurs à conclure que le besoin des baleines d’échapper à la prédation était pressant, et donne un indice sur la raison pour laquelle elles réagissent vivement au moindre signe pouvant être interprété comme une prédation.

Les chercheurs affirment que les sonars de bateau signalent un danger à ces baleines, de même nature qu’une attaque d’orque, et qu’elles réagissent vivement sous la contrainte. Entre 1874 et 2004, 136 échouages massifs de baleines à bec ont été signalés ; parmi ceux-ci, 126 se sont produits entre 1950 et 2004. Une étude de 2009 a montré que cette augmentation du nombre d’échouages a coïncidé avec l’arrivée et l’utilisation de sonars actifs à haute puissance et à moyenne fréquence. Il reste des questions sans réponse sur la façon dont les sonars provoqueraient spécifiquement l’échouage des baleines. Mais cela montre que même dans les profondeurs de l’océan, où elles ont mis au point des stratégies ingénieuses pour échapper à un prédateur de la taille d’un bus scolaire, les baleines à bec sont toujours vulnérables aux interférences humaines.

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