Des scientifiques ont démenti l’idée selon laquelle planter des arbres suffirait à lutter contre le réchauffement climatique : cela pourrait porter préjudice aux autres biotopes, tout aussi importants pour leurs services écosystémiques.
Replanter des arbres sans compter, la solution au réchauffement climatique ? C’est ce que certains scientifiques et associations environnementales préconisent, au vu de la capacité des arbres à stocker du carbone. Ainsi dans un article scientifique récemment paru dans Science, les chercheurs affirmaient que la plantation de mille milliards d’arbres à travers le monde pourrait capturer 205 milliards de tonnes de carbone, soit un tiers du dioxyde de carbone émis depuis la révolution industrielle. Dans un commentaire technique publié dans le même journal, un groupe de 46 scientifiques du monde entier, dont une chercheuse de l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale (IMBE) démontrent que la lutte contre le réchauffement climatique par un reboisement massif de la Terre est une fausse bonne idée. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
Ainsi, dans l’étude, « le réel potentiel des arbres nouvellement plantés à atténuer le changement climatique a été multiplié par cinq, indique le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) dans un communiqué. En réalité, de nombreux écosystèmes, avec peu ou pas d’arbres, tels que les savanes ou les tourbières, contiennent déjà beaucoup de carbone dans leurs sols, davantage que dans la partie aérienne de leur végétation. » Par ailleurs, planter des arbres au mauvais endroit peut détruire certains écosystèmes, augmenter l’intensité des feux et à l’inverse exacerber le réchauffement climatique. Ainsi « les forêts de conifères des régions boréales et de hautes montagnes absorbent plus de lumière solaire et émettent plus de chaleur que les zones sans arbres, et exacerbent le réchauffement planétaire plutôt que de l’atténuer. »
Enfin, si reforester des écosystèmes déboisés a du sens, la plantation d’arbres « dans des écosystèmes naturellement herbacés comme des savanes ou des pelouses va détruire les habitats d’un grand nombre d’espèces végétales et animales. » Les auteurs du commentaire technique préconisent donc de ne pas se focaliser sur la plantation d’arbres comme seul outil de restauration écologique, mais de restaurer « également les pelouses, les savanes, les écosystèmes arbustifs et les tourbières. » Compter uniquement sur les arbres risque de « réduire la capacité des populations humaines à s’adapter au changement climatique tout en détournant l’attention des efforts de conservation des écosystèmes intacts et de réduction de la consommation de combustibles fossiles. »
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