Deux sociétés constituant l’un des plus gros élevages de porcs breton, poursuivies pour « maltraitance animale » suite à une plainte de l’association L214, ont été condamnées vendredi par le tribunal de Brest à une amende de 60.000 euros chacune, dont 20.000 avec sursis.
Les deux sociétés, la Sarl Kerdoncuff et la Scea de Trébeolin, gérées par Dominique Kerdoncuff, 57 ans, ont également l’interdiction de détenir des animaux pendant un an.
Ces deux sites, affiliés au groupe Eureden (ex-Triskalia) et situés au sud de Brest, peuvent abriter plus de 18.000 animaux simultanément, selon l’avocat de la défense, David Le Blanc. Employant une vingtaine de salariés, ils constituent ensemble la deuxième plus importante porcherie du Finistère.
L’une des deux sociétés (SARL Kerdoncuff) est en outre condamnée à 4.500 euros d’amende pour des contraventions liées à l’inexécution de mises en demeure.
Enfin, la constitution de partie civile de l’association L214, qui avait déposé plainte pour maltraitance animale, a été jugée recevable. Les deux sociétés devront lui verser un total de 6.000 euros d’indemnités.
Ni le gérant ni son avocat, Me Le Blanc, n’ont souhaité réagir à l’issue du délibéré.
Pour l’avocate de L214, Me Caroline Lanty, cette décision est « un signal fort » envoyé par la justice.
« On ne peut pas tout faire subir aux animaux et c’est ce que la justice a voulu dire en ajoutant cette peine complémentaire d’interdiction de détenir des animaux pendant un an », a déclaré l’avocate à un correspondant de l’AFP.
En novembre 2019, l’association L214 avait déposé plainte après avoir diffusé une vidéo montrant des bâtiments sales, des animaux enserrés dans des cages, en détresse, blessés ou morts.
Les enquêtes de la gendarmerie et de la Direction départementale de la Protection des populations (DDPP) confirmeront ce constat: truies avec des plaies nécrosées et des escarres, absence de lumière, animaux sans soins et sans accès permanent à l’eau fraîche, etc..
Lors de plusieurs contrôles inopinés en 2019, 2020 et 2021, les mêmes constatations sont effectuées, à tel point que l’élevage est menacé d’une suspension d’activité.
« C’est le premier dossier où, au bout de quatre ans, je ne peux pas attester de la conformité de cet élevage », avait témoigné à l’audience Loïc Gouyet, de la DDPP du Finistère, pointant « un problème de compétence et d’encadrement des salariés ».
A la barre du tribunal correctionnel, M. Kerdoncuff avait nié tout manquement, affirmant faire ce métier « par passion » et dénonçant un acharnement et même un « complot » de la vétérinaire d’Eureden, qui avait également alerté sur la situation de ce gros élevage, « avec l’administration ».