Plusieurs ONG poursuivent en justice le Service de la pêche et de la faune sauvage des Etats-Unis, affirmant que l’agence ne protège pas les girafes, une espèce menacée et légalement chassée et importée aux USA.
Dépouillées, empaillées et tannées, les girafes sauvages sont en vente dans des dizaines de magasins à travers les États-Unis. Bien que l’importation et la vente de girafes sauvages et de produits dérivés, tels que les tapis de girafe et les trophées, soient légales aux États-Unis, les défenseurs de la nature et du bien-être animal affirment que ces pratiques rapprochent l’espèce de l’extinction. Le 15 octobre 2020, une coalition de groupes, dont la Humane Society of the United States (HSUS), la Humane Society International (HSI) et le Center for Biological Diversity, a déposé une notification d’intention de poursuivre le Service de la pêche et de la faune sauvage des Etats-Unis (USFWS). L’agence fédérale est chargée de gérer la faune et les habitats naturels par le biais de la loi nationale sur les espèces menacées (ESA), mais les groupes affirment qu’elle ne protège pas les girafes.
Il y a trois ans, la coalition avait demandé à l’USFWS de classer les girafes parmi les espèces menacées par le biais de l’ESA, mais l’agence n’a pas répondu, alors qu’elle est légalement obligée de le faire dans un délai d’un an. Les groupes ont intenté un premier procès à l’USFWS en 2018, ce qui a incité l’agence à dire que les girafes pourraient bénéficier d’une protection au titre de l’ESA – mais aucune autre mesure n’a été prise, selon la HSUS. Les groupes affirment que l’inaction de l’agence implique qu’elle répond aux intérêts particuliers des chasseurs de trophées, et que ces derniers représentent une menace importante pour les populations de girafes, qui ont connu une baisse de 40% au cours des trois dernières décennies. Les estimations actuelles indiquent qu’il ne reste qu’un peu plus de 68 000 adultes matures dans la nature.
Entre 2006 et 2015, les chasseurs de trophées ont légalement importé 3 744 trophées de girafe aux États-Unis, 1 402 autres sculptures en os de girafe, 4 789 os et 3 008 morceaux de peau, selon la coalition qui se fonde sur la base de données du système d’information sur la gestion de l’application de la loi de l’USFWS. Les groupes n’ont toutefois pas réussi à obtenir des données au cours des cinq dernières années, en raison selon eux du manque de transparence de l’agence. Les girafes sont actuellement inscrites à l’annexe II de la CITES, qui impose des restrictions au commerce international, mais ne l’interdit pas. Si les girafes étaient ajoutées à l’ESA, les chasseurs et les commerçants devraient obtenir des permis spéciaux pour importer ou vendre des girafes ou des parties de girafes, ce qui limiterait la contribution des États-Unis à l’extinction de l’espèce, selon la coalition.
Cependant, la question n’est pas aussi simple qu’elle n’y paraît, d’après Julian Fennessy, expert en girafes et directeur de la Giraffe Conservation Foundation (GCF). Contrairement à l’Union Internationale pour la conservation de la nature (UICN), la GCF classe les girafes en quatre espèces; la girafe Masaï (G. tippelskirchi), la girafe du sud (G. giraffa), la girafe du nord (G. camelopardalis) et la girafe réticulée (G. reticulata), ainsi que cinq sous-espèces. Selon Fennessy, c’est la girafe du sud qui a tendance à être chassée légalement pour les trophées, mais cette espèce se porte beaucoup mieux que ses homologues. Selon lui, la chasse légale des girafes n’aurait ainsi pas d’impact sur la population globale des girafes en Afrique. Les plus grandes menaces qui pèsent sur les girafes demeurent la chasse illégale, la perte et la fragmentation de l’habitat ainsi que les conflits entre l’homme et la faune sauvage.