Le Syndicat des producteurs de miel de France refuse l’aide de 3 M € accordée par le ministère de l’agriculture à la suite des « surmortalités » d’abeilles.
Suite à une étude qualitative qui mettait en lumière une augmentation de la mortalité des abeilles par rapport aux hivers précédents en Bretagne, Nouvelle-Aquitaine, Provence-Alpes-Côte-D’azur et Bourgogne-Franche-Comté principalement, Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, annonçait le 30 juillet la mise en place d’un dispositif d’aide exceptionnel pour les apiculteurs impactés. Ce dispositif, effectif d’ici fin septembre, devait prendre la forme d’une aide au renouvellement du cheptel apicole (aide à l’achat d’essaims). L’enveloppe consacrée à cette aide était d’un montant de 3 M€.
Hélas, les apiculteurs –ou en tout cas certains d’entre eux- ne veulent pas de cette aide ! Les apiculteurs regroupés au sein du Syndicat des producteurs de miel de France expliquent, dans un document très argumenté, que la surmortalité invoquée est factice, et que la situation n’est pas pire cette année que les précédentes : « La situation nationale du cheptel apicole de ce printemps 2018 n’est ni pire ni meilleure que les années précédentes. Simplement, comme les médias en ont parlé davantage, cela a décidé le ministre à débloquer une aide exceptionnelle », écrit le syndicat, qui précise : « Les pertes spectaculaires qui nécessitent des aides exceptionnelles peuvent avoir deux explications : soit elles concernent des apiculteurs débutants qui n’ont pas de formation suffisante pour effectuer leur propre élevage et « se refaire », soit elles concernent des zones tellement polluées et/ou inhospitalières aux abeilles que l’apiculture y devient impossible sans recourir à l’achat des essaims venant d’autres régions ou d’autres pays »
Et les apiculteurs poursuivent leur démonstration : « Le ministre accorde une aide exceptionnelle de 3M€, uniquement pour l’achat d’essaims. Compte tenu de l’état du marché et de l’offre largement insuffisante, le plus souvent, l’apiculteur n’aura pas le choix. Il devra acheter ce qu’il pourra trouver. Il n’y aura aucun contrôle possible sur la qualité proposée. Les apiculteurs qui, souhaitant conserver leur type d’abeilles, feront eux mêmes leurs essaims, ne recevront aucune aide ». Enfin, « une fois les essaims achetés, ils seront remis dans le même environnement que ceux qui sont morts sans qu’il n’y ait aucune recherche des raisons de ces mortalités ».
En conclusion, le SPMF demande que ces 3 millions d’euros soient affectés au budget de l’ITSAP (Institut technique et scientifique de l’abeille et de la pollinisation, actuellement en grande difficulté financière) et des ADAS (Associations Régionales de Développement de l’Apiculture) afin de prolonger et accentuer le travail fait pour comprendre les mécanismes responsables des pertes d’abeilles et de colonies.