Un milliard pour la « bio » : les régions n’y croient pas

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En réponse à l’annonce du Ministre de l’Agriculture, qui a indiqué début avril que plus d’1 milliard d’euros seraient mobilisés d’ici 2022 pour atteindre un objectif national de 15% de surface en bio à cet horizon, l’Association des régions de France (ARF) dénonce « des effets d’annonce qui ne reposent sur aucune réalité financière » et qui sont « contradictoires avec les arbitrages pris récemment ».

C’est à un véritable pilonnage des annonces gouvernementales que se livre l’ARF dans un communiqué publié jeudi dernier : alors que les crédits européens sont cités par l’Etat comme la principale source de financement de ce plan (à hauteur de 630 M€ de FEADER), fait-elle observer, ces crédits sont en réalité déjà quasi intégralement mobilisés par les régions qui les gèrent pour accompagner la dynamique actuelle de l’agriculture biologique jusqu’en 2020. Alors que l’Etat avait la possibilité de ré-abonder les enveloppes de crédits européens en faveur du bio avec les crédits transférés du 1er pilier, qui avait d’ailleurs été un des motifs de l’Etat pour réaliser un tel transfert, il a au final procédé à un arbitrage pénalisant la bio en n’attribuant que 45 Millions sur les 626 millions prélevés en 2017 sur le 1er pilier de la PAC. Plus encore : en imposant une pression nouvelle sur le budget des Agences de l’Eau (pour financer l’AFB et l’ONCFS), l’Etat est également responsable de la baisse drastique d’une des principales sources de co-financement des aides au développement des surfaces en bio. Cette baisse contribue encore à la difficulté pour les régions de maintenir ces aides sur l’ensemble des territoires.

Pour Jean-Pierre Raynaud, président de la Commission Agriculture de l’ARF :  « Le discours de l’Etat sur le financement de la bio nécessite d’être clarifié dans le cadre d’un véritable dialogue constructif et transparent que les régions appellent de leurs voeux. Toutes les régions partagent l’objectif d’accompagner l’incroyable dynamique de développement de la bio, mais la définition d’un Plan ambition bio national nécessite une co-construction prenant en compte la réalité des territoires et permettant à chacun ensuite de prendre ses responsabilités. On ne peut pas adopter la même politique de soutien et la même trajectoire dans une région qui a déjà plus de 15% de sa surface en bio et une autre qui plafonne à 2 ou 3%. La région, qui est chef de file en matière de développement économique et d’aménagement du territoire est bien placée pour mettre en œuvre un plan bio régional à la fois ambitieux et pragmatique. Il faut pour cela qu’elle dispose de moyens clairs et de règles souples.»