Neuf associations corses ont écrit au ministre de la Transition écologique, François de Rugy, pour demander « des mesures d’urgence dès l’été 2019 », dont une « zone d’interdiction » d’accès, pour sauver la réserve de Scandola (Corse-du-Sud), menacée par la surfréquentation touristique.
Classée au patrimoine mondiale de l’Unesco, « cette réserve est gravement impactée par la surfréquentation touristique, et nous sollicitons votre intervention pour l’instauration d’une zone d’exclusion, incluant la réserve intégrale actuelle, de toute navigation et activités nautiques de 300 mètres afin de sauvegarder ce joyau du patrimoine environnemental de la Corse, écrivent dans cette lettre datée du 11 mars les associations de défense de l’environnement ABCDE, ADN Passpartou, Aria Linda, A Sentinella, Le Garde, Global Earth Keeper, U Levante, Zeru Frazu et La Ligue contre le cancer. Située dans le Sanctuaire des Pélagos, la partie marine de la Réserve est désertée par les poissons et autres animaux marins, en raison du fort dérangement et de la pollution sonore, peut-on lire dans la lettre. « Le constat est sans appel: la biodiversité s’effondre dans la réserve, écrivait mardi soir sur son site internet l’association U Levante en rendant publique la lettre assortie d’une pétition baptisée « Sauvons Scandola » et signée par plus de 27.000 personnes au 1er mars. Malgré tous les niveaux de protection régionaux, nationaux, européens et mondiaux, la réserve de Scandola est le pire endroit de la côte Corse pour la vie sauvage », regrettait l’association qui avait adressé en février une lettre ouverte au président du conseil exécutif de l’île, Gilles Simeoni, pour
appeler à la limitation d’accès à la réserve. U Levante se fondait sur un rapport d’experts du Conseil de l’Europe qui recommande une limitation d’accès au site, pour le renouvellement, prévu en 2020, du diplôme européen des espaces protégés de la réserve décerné par l’instance.
Etablie en 1975, la réserve de Scandola, forte de 920 hectares terrestres et d’une zone marine de 1.000 hectares, est titulaire de nombreux labels de protection : Réserve naturelle, Aire marine protégée, Conservatoire du littoral, Znieff, Natura 2000, Patrimoine mondial de l’Unesco, Diplôme européen des espaces protégés. Un rapport du CNRS de décembre 2018 jugeait que « la population de balbuzard pêcheur, un rapace protégé et menacé en mer Méditerranée, s’effondre dans la réserve naturelle nationale de Scandola à cause du tourisme. Cette étude soulignait l’importance de modifier la manière dont est géré le tourisme dans cette aire marine protégée ».