On sait enfin pourquoi la ligne Maginot a été construite : pour faire une trame écologique en faveur des chiroptères ! C’est le sens d’une convention conclue entre l’Agence française pour la biodiversité (AFB) et le parc naturel régional de l’Avesnois.
Le Nord et l’Est de la France portent encore les traces des derniers conflits mondiaux. Parmi ces vestiges : beaucoup de blockhaus existent toujours sur la ligne de défense militaire dite « ligne Maginot ». Cette ligne traverse le Parc naturel régional de l’Avesnois, dans lequel sont totalisés plus de 200 blockhaus. Ce Parc, qui s’est investi depuis sa création dans l’aménagement des bâtiments en faveur de la faune, a débuté un travail d’aménagement des blockhaus pour y accueillir les chauves- souris.
L’aménagement des blockhaus permet en effet aux populations de chauves-souris de se développer localement. Il favorise aussi leur dispersion vers des territoires voisins et notamment sur le territoire du Parc naturel régional Scarpe-Escaut et du Parc naturel régional des Ardennes, également parties prenantes de ce projet. Ces chauves-souris, en particulier le Murin de Bechstein, espèce inféodée aux belles forêts de feuillus, figurent sur la Liste rouge de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) et font l’objet d’un plan national d’actions. Le Parc naturel régional de l’Avesnois a fait appel au savoir-faire de la Coordination mammalogique du Nord de la France pour l’aménagement de sites et le suivi des populations de chauve-souris sur son territoire.
Ce projet d’aménagement est soutenu financièrement par l’AFB dans le cadre de son appui à des projets de portée nationale, innovants et reproductibles.
Les populations de chauves-souris sont menacées par plusieurs facteurs : la transformation de leur domaine vital, les dérangements durant l’hibernation ou la reproduction, la disparition ou la modification des gîtes, l’utilisation de produits chimiques… En France, toutes les espèces de chauves-souris sont protégées par la loi de 1976 sur la protection de la nature, article L.411-1 du Code de l’Environnement. Il est donc interdit de les détruire, de les mutiler, de les capturer, de les naturaliser, de les transporter, de les vendre et de les acheter. Depuis lors, cette protection a été renforcée par un arrêté ministériel qui protège les 34 espèces présentes actuellement sur le territoire métropolitain de façon nominative ainsi que leurs sites de reproduction et leurs aires de repos.