⏱ Lecture 3 mn.

Initiatives ministérielles et plans gouvernementaux dessinent peu à peu le nouvel aménagement des côtes françaises, dans l’esprit de la préservation de l’environnement de la loi Littoral. Pourtant, certains acteurs comme les plagistes souhaitent conserver le dynamisme de leur activité économique.

Alors qu’est paru le 5 mai un décret précisant la portée, le contenu et les conditions d’élaboration des documents stratégiques pour la planification des quatre façades maritimes métropolitaines (“Manche Est-mer du Nord” ; “Nord Atlantique-Manche Ouest” ; “Sud Atlantique” ; “Méditerranée”), le ministère du Logement et le Plan urbain construction architecture (Puca) viennent de lancer un appel à manifestation d’intérêt (AMI) pour créer des « laboratoires d’aménagement du littoral ». L’AMI vise les intercommunalités du littoral portant des projets d’aménagement innovants « tout en conciliant les enjeux paysagers, environnementaux, urbains et économiques de leur territoire », a expliqué dans un communiqué le ministère du Logement. Cette expérimentation, dont les premiers sites pilotes concerneront le littoral breton, « vise à déboucher sur des projets directement opérationnels qui pourront alors être lancés par les collectivités concernées », et déboucher in fine sur la révision du Plan Local d’Urbanisme (PLU). Les territoires retenus, des « laboratoires d’aménagement du littoral » en puissance, bénéficieront d’une expertise ministérielle et lanceront une consultation pour « élaborer des études urbaines, architecturales ou paysagères, opérationnelles et expérimentales », misant en cela sur l’investissement des acteurs locaux et sur un leur dialogue continu.

Dans le même esprit de respect de la loi Littoral, le « Plan littoral 21 Méditerranée » avait été signé en Mars 2017 par Bernard Cazeneuve avec Carole Delga, présidente de la région Occitanie, et Marc Abadie, directeur du réseau et des territoires de la Caisse des Dépôts, afin d’adapter le littoral occitan aux nouveaux enjeux touristiques, économiques et environnementaux. L’un des piliers de cet accord à 1 milliard d’euros pour la période 2017 à 2020 est la préservation des richesses naturelles côtières, compatible avec un développement des activités économiques. Il enterre ainsi les projets d’aménagement démesurés, économiquement profitables mais écologiquement désastreux, issus de la mission Racine des années 1960 et 1970, dont l’enfant le plus emblématique est la station balnéaire de la Grande Motte. Par le biais d’appels à candidatures et l’identification de projets innovants, le Plan littoral 21 Méditerranée entend transformer la façade maritime de l’Occitanie en « vitrine française de la résilience écologique », avait précisé Carole Delga.

Si la lutte contre la bétonisation du littoral engendrée par les Trente Glorieuses semble donc pleinement engagée, certaines voix s’élèvent contre la régulation des activités économiques sur les côtes. Ainsi, lors de la deuxième convention nationale des plagistes qui s’est déroulée le mercredi 10 mai, les professionnels plagistes ont de nouveau réclamé la réforme du décret plage qui encadre les autorisations de concessions sur les plages et sur le domaine public maritime. Ce décret de 2006 organise notamment la part privative et la part du domaine public des plages. « Une disposition qui dans la plupart des cas n’est pas respectée, indique France Nature Environnement (FNE) dans un communiqué. En effet, un minimum de 80 % de la longueur du rivage, par plage, et de 80 % de la surface de la plage, dans les limites communales, doit rester libre de tout équipement et installation afin que chacun puisse en profiter librement. » Pourtant, chaque année, les concessionnaires de plages réclament à l’Etat encore plus de souplesse, brandissant la perte de centaines d’emplois. Tout en rappelant que les plages disparaissent sous les assauts conjugués de l’océan, de la montée du niveau de la mer, et des structures en dur trop rarement démontées, comme l’exige le décret, à la fin de la saison, Michel Dubromel, Président du FNE, a déclaré que « Notre littoral est précieux, autant pour l’attractivité de notre pays et notre économie touristique que pour les fonctionnalités biologiques de ses habitats. Il est temps que les concessionnaires de plages acceptent qu’à l’heure du changement climatique un décret de plus de 10 ans soit mis en œuvre pour favoriser à la fois le maintien de l’emploi, la protection des populations et un environnement préservé ». 

Dans le cadre de l’AMI pour les « laboratoires d’aménagement du littoral, Les collectivités intéressées ont jusqu’au 30 mai inclus pour faire acte de candidature auprès du Puca (laboratoire-littoral@developpement-durable.gouv.fr)