Ces dernières semaines, l’hémicycle du Palais-Bourbon a pris de furieux airs de réfectoire de Poudlard, un Poudlard sur lequel l’horrible Voldemort aurait définitivement assis son contrôle. Bien qu’ils n’y détiennent pas de majorité absolue, les Mangemort -convaincus de la supériorité des Sang-purs- y mènent le bal et y déploient leurs pouvoirs maléfiques, avec la complicité enthousiaste de quelques Serpentard dits « du socle commun » à la narine peu sensible. (Si ces références vous sont étrangères, demandez à votre ado de compagnie de vous affranchir…).
Ivres de leur puissance et de leur pouvoir de nuisance, les Mangemort ont réussi à faire voter un moratoire sur les énergies renouvelables, alors même que les effets de notre orgie d’énergies carbonées se fait ressentir plus durement que jamais, et que l’alerte canicule a touché 84 départements. Dans leur logique inaccessible au commun des Moldus (vous et moi), ils ont même fait passer un amendement prescrivant le redémarrage de la centrale nucléaire de Fessenheim… alors que son démantèlement est en voie d’achèvement.
En partenariat avec l’école de sorcellerie du Palais du Luxembourg, voilà qu’ils s’attellent à un autre sortilège pervers, dénommé Loi Duplomb. En dépit du cri d’alerte lancé par une cohorte de directeurs de recherche du CNRS sur les dangers mortels que cette loi fera courir aux citoyens et aux agriculteurs (qui sont déjà les premiers frappés par des maladies professionnelles telles que le cancer de la prostate ou la maladie de Parkinson), en dépit du fait que l’impasse dans laquelle se trouve le modèle agricole ultra-productiviste est chaque jour plus aveuglante, cette loi organise la ré-autorisation de l’acétamipride, le pire des néo-nicotinoïdes pour la santé humaine (l’un des métabolites issus de la dégradation de l’acétamipride a la particularité de rester plus longtemps que les autres dans le corps humain), la généralisation incontrôlée des élevages industriels, le recours sans limite aux méga-bassines et la ruine des zones humides.
Hors du temps, hors du monde, sourds aux alertes des scientifiques et des médecins, enfermés dans leur monde parallèle et leur pensée magique, les apprentis sorciers qui se sont arrogé le pouvoir sur nos vies n’ont décidément pas grand-chose du gentil Harry Potter…
