La saga de la chasse à la glu vient enfin de connaître un heureux dénouement avec le revirement attendu mais non moins jouissif du Conseil d’Etat : lui qui, en 2018, avait validé les arrêtés du gouvernement français concernant l’autorisation de la chasse à la glu de grives et de merles noirs en PACA, il vient d’admettre que les gluaux ne collent pas… avec la législation européenne. Saisi à de multiples reprises par les ONG telles que la LPO, le « juge administratif suprême » avait demandé à la Cour de Justice de l’Union Européenne de préciser si la directive « Oiseaux » permettait d’autoriser la capture à la glu de ces oiseaux sauvages. Réponse de ladite institution en mars dernier : non. Et voici donc cette pratique enterrée une fois pour toute dans l’Hexagone. L’avancée est réelle, mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt : les chasses traditionnelles semblent avoir encore quelques beaux jours devant elles en France. Pas plus tard que le 10 juin dernier, le gouvernement a ouvert une énième consultation publique sur des projets d’arrêtés ministériels relatifs à la chasse d’oiseaux menacés (la barge à queue noire, le courlis cendré, l’alouette des champs, le vanneau huppé, le pluvier doré, la grive et le merle), à l’aide de tout un arsenal de techniques aussi primitives que douteuses, pour la saison 2021-22. Au vu de l’affaire « glu » et de l’inéluctable évolution de l’opinion civile, on pourrait penser que l’exécutif anticiperait une issue similaire pour ces chasses d’un autre temps et prendrait les devants en fixant des quotas zéro de prélèvement. Il se sortirait alors du bourbier avec panache. A y regarder de plus près, il n’y a en effet pas tant de différence entre la glu et, disons, les matoles, ces cages grillagées qui sont utilisées en Gironde pour capturer l’alouette des champs : les deux méthodes ne sont pas sélectives – pinsons, verdiers, chardonnerets se font également prendre et restent souvent des heures prisonniers – et visent des espèces en déclin continuel en France (46% des alouettes hivernantes ont disparu entre 1996 et 2017). Mais le gouvernement, très à cheval sur les traditions et les lobbies cynégétiques, persiste et signe un peu plus la débâcle de sa politique cynégétique. En témoigne le fiasco tout récent de son Comité d’experts pour la gestion adaptative des espèces chassables, dont plusieurs membres ont démissionné en fustigeant un « mélange de genre entre la politique, les enjeux sociétaux et scientifiques« . Comme souvent, le pouvoir fait le choix des positions d’intérêts plutôt que des avis scientifiques indépendants et se voit sommé par les ONG et la justice de se conformer aux lois. Y laissant, au passage, toujours plus de plumes.
Qui va à la chasse…
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