Un chef rebelle pygmée a été condamné à 15 ans de prison pour « destruction méchante » du parc de Kahuzi-Biega à l’issue d’un procès express dans l’est de la République démocratique du Congo, ont rapporté des correspondants de l’AFP.
Huit personnes, dont deux femmes, ont été jugées par le tribunal militaire de Bukavu, qui a siégé à Miti, à 7 km du parc de Kahuzi-Biega, dans la province du Sud-Kivu (est). « Le chef pygmée Jean-Marie Kasula et cinq de ses coaccusés hommes sont condamnés à 15 ans de servitude pénale principale (chacun) pour détention illégale d’armes de guerre et munitions, association de malfaiteurs et destruction méchante du parcde Kahuzi-Biega, a déclaré le juge Toussaint Lenda. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
Ils sont aussi sommés de payer chacun 5.000 dollars (4.530 euros) a l’ICCN (Institut congolais pour la conservation de la nature) pour dommage (…) en détruisant sa faune et sa flore », a-t-il poursuivi à l’issue de six heures d’audience. (…) Les prévenues dames par contre sont condamnées chacune a une année de servitude pénale principale avec paiement chacune de 200.000 francs congolais (107 euros) d’amende pour participation à la destruction méchante du parc ». « Nous ne sommes pas satisfaits du jugement, nous allons interjeter appel », a déclaré à l’AFP Me Serge Bufole, avocat des prévenus.
Le parc national de Kahuzi-Biega (PNKB), un établissement de l’ICCN, s’était constitué partie civile dans cette affaire. Inscrite au patrimoine mondial des biens en péril par l’Unesco depuis 1997, la réserve abrite les derniers gorilles de Grauer, une espèce menacée, réduite à 250 individus. Devant la barre, les prévenus âgés de 20 à 40 ans ont reconnu l’occupation d’une partie du parc où ils s’occupaient notamment d’agriculture. Ils ont dénoncé le fait d’avoir été « chassés illégalement » de leur habitat naturel depuis 1970.
Après « des années d’errance, nous sommes retournés au parc pour une question de survie, a soutenu M. Kasula. Le parc devait être scindé en deux, une partie pour l’État congolais et une autre pour nous », a plaidé le chef rebelle. Depuis 2018, un conflit ouvert oppose les rangers (gardes du parc) aux leaders pygmées qui affirment avoir été spoliés de leurs terres ancestrales dans les années 70 lors de l’extension du parc. Des accrochages ont fait des morts de part et d’autre dans des circonstances confuses.
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