Les Galapagos « en deuil » contre la pêche illégale d’une flotte chinoise

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En deuil, les habitants des îles Galapagos sont descendus dans la rue vendredi pour protester contre la pêche d’espèces protégées par une immense flotte chinoise, qui menace l’équilibre de la réserve marine de cet archipel équatorien, patrimoine de l’Humanité.

« Nous sommes en deuil ! Ce sont trois jours de deuil et de manifestations depuis mercredi pour protester contre la pêche illégale », a déclaré à l’AFP Silvia Zabala, 22 ans, l’une des 7 000 habitants de Puerto Baquerizo Moreno, chef-lieu de l’île San Cristobal, qui était dans la rue vendredi avec des dizaines d’autres. Au tribunal comparaissait, pour atteinte à l’environnement, l’équipage d’un navire battant pavillon chinois, arraisonné le 13 août dans les eaux des Galapagos, avec quelque 300 tonnes de pêche à bord, dont des espèces en danger tel les requins marteau, en voie d’extinction, et silky. « Il y a des espèces protégées aux Galapagos (…) Nous ne savons pas encore si celles qui ont été pêchées » l’ont été dans la réserve marine, a déclaré à la presse Walter Bustos, directeur du Parc national des Galapagos (PNG), situé à 1 000 km des côtes de l’Equateur. « Le tonnage et la taille » du Fu Yuan Yu Leng 999, navire de 98 m, font qu’il s’agit du cas le plus important de pêche illégale dans les eaux de l’archipel, où 17 embarcations sous pavillon équatorien ont été arraisonnées ces trois dernières années pour le même délit.

Les 20 membres d’équipage de nationalité chinoise, qui ont été placés en détention préventive, risquent de un à trois ans de prison, selon le code pénal équatorien qui sanctionne sévèrement les atteintes à la faune et à la flore sauvages, telles que la pêche illégale et le trafic d’espèces protégées. Les autorités ont fait état de la présence dans les eaux internationales face aux Galapagos, d’une flotte de 300 navires chinois, à laquelle appartenait le bateau arraisonné. « Cela a un impact écologique irréversible et la protection des espèces est indispensable pour la conservation de notre Patrimoine naturel de l’Humanité », a ajouté Silvia Zabala, entièrement vêtue de noir comme le reste des manifestants qui lançaient des slogans du type « A bas la pêche illégale! ».

« Le monde doit respecter les Galapagos, ne plus attenter contre la flore et la faune de ce site unique sur la planète », a affirmé cette étudiante en biologie marine. Le gouvernement équatorien a protesté auprès de l’ambassadeur de Chine à Quito, Wang Yulin, et annoncé que tout navire pêchant illégalement dans les eaux territoriales du pays sera « immédiatement saisi ».

Mais cela ne suffit pas à satisfaire les habitants des Galapagos. « Nous n’allons pas permettre que la faune marine soit prise pour cible. Les Galapagos doivent rester immaculées », a ajouté Edy Becerra, 45 ans, qui brandissait des photos de requins marteau, encadrées de noir. Les habitants de Puerto Baquerizo Moreno ont défilé en exigeant le « respect » pour l’archipel, qui porte le nom des tortues géantes qui y vivent et a servi de laboratoire naturel au naturaliste anglais Charles Darwin pour développer sa théorie de l’évolution des espèces. « Il ne faut pas détruire nos écosystèmes (…) sous peine de détruire notre futur », pouvait-on lire sur une pancarte ornée de dessins de loups marins. Une autre manifestation était organisée au même moment vendredi à Puerto Ayora, sur l’île voisine de Santa Cruz. La présidente du Conseil gouvernemental des Galapagos, Lorena Tapia, a déclaré à la presse que « lorsque 300 navires (chinois) ont été repérés par la Marine équatorienne en haute mer, l’Equateur peut exiger que des mesures soient prises pour l’attention et la pérennité de ses ressources ». Pékin et Quito sont membres de la Convention des Nations unies sur les droits de la mer, ce qui selon la ministre des Affaires étrangères équatorienne, Maria Fernanda Espinosa, « oblige les deux parties à préserver et à conserver les espèces de nos océans, surtout les espèces vulnérables et migratoires » comme les requins. La pêche industrielle est interdite et seule la pêche artisanale est autorisée au sein des 138 000 km2 des Galapagos, seconde réserve marine du monde, qui compte environ 27 000 habitants.