Transformer le problème en solution : les Kenyans utilisent une espèce envahissante comme biocarburant

Photo d'illustration ©mayapujiati de Pixabay

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Les rives du Lac Victoria au Kenya sont remplies de jacinthes d’eau, une plante envahissante d’Amérique du Sud qui nuit à la pêche en eau douce, à l’économie et à la santé de la population. Afin de réduire la présence de cette plante, les Kényans ont lancé un programme pour transformer l’espèce exotique en biogaz qui est ensuite utilisé dans les ménages comme biocarburant pour cuisiner.

Le Lac Victoria au Kenya est recouvert de Jacinthes d’eau. Cette plante envahissante fait des ravages sur les moyens de subsistance et les écosystèmes du pays. Cette espèce non-indigène venant d’Amérique du Sud nuit à la pêche en eau douce, à l’économie de manière générale et à la santé de la population. Les Kényans ont cependant trouvé le moyen de tourner ce problème en solution. Ils ont en effet fait preuve d’imagination et ont lancé un programme pour transformer l’espèce exotique en biogaz qui est ensuite proposé aux ménages à faibles revenus afin qu’ils puissent s’en servir comme biocarburant pour cuisiner. Le site d’information Mongabay rapporte que selon l’Institut kényan de recherche marine et halieutique (KMFRI), la jacinthe d’eau du lac Victoria présente un schéma cyclique périodique de disparition et de prolifération, avec les impacts écologiques et économiques que cela implique. La jacinthe d’eau est ainsi utilisée comme principale source de matière première, les eaux usées étant utilisées comme solution de secours pendant les périodes où la croissance de la plante diminue, ce qui permet à l’installation de fonctionner en continu.

La prolifération de cette plante engendre de vrais problèmes pour la population et l’éliminer manuellement est bien trop compliqué. La jacinthe d’eau aurait entraîné en 2009 une baisse des captures de poissons en Ces faibles récoltes de poissons entraînent une baisse des revenus des pêcheurs et, par extension, une réduction des revenus tout au long de la chaîne d’approvisionnement de la pêche, ce qui affecte tout le monde, des fournisseurs d’équipements de pêche aux restaurants et aux supermarchés, explique le média. La jacinthe d’eau n’est pas la seule à préoccuper. Le service d’inspection phytosanitaire du Kenya fait état de 32 espèces envahissantes documentées dans le pays, dont onze arthropodes, dix micro-organismes, sept plantes (neuf selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, FAO) et quatre vertébrés. Parmi les plantes, on trouve bien évidemment la jacinthe d’eau (Eichhornia crassipes), Azolle de Caroline qui est une fougère aquatique (Azolla filiculoides), l’ail des ours (Allium ursinum), l’Oponce stricte, qui est une espèce de cactus (Opuntia stricta) ou encore la rose d’Inde (Tagetes erecta).

Les couvertures denses de mauvaises herbes sont un terrain de reproduction idéal pour les moustiques et autres insectes pathogènes. Les personnes qui vivent le long des rives de la baie encombrées de jacinthe d’eau signalent un nombre plus élevé d’éruptions cutanées, de toux, de paludisme, d’encéphalites, de troubles gastro-intestinaux et de bilharziose/schistosomiase (une maladie causée par des vers parasites). La plante, avec ses racines coriaces, obstrue également les systèmes de traitement des eaux, d’irrigation et d’approvisionnement en eau.