Un tribunal du Honduras a condamné mercredi six défenseurs de l’environnement pour avoir manifesté en 2018 contre une mine d’oxyde de fer menaçant selon eux une rivière et l’alimentation en eau des habitants, selon leurs défenseurs.
« Le tribunal de Trujillo a condamné six camarades, il en a libéré deux, et a annoncé qu’il donnerait les peines pour chacun le 21 février », dans le dossier dit Guapinol, du nom de la rivière menacée, a indiqué à l’AFP le dirigeant écologiste local Juan Lopez. Pour les défenseurs de l’environnement, la mine menace une réserve de la région de Tocoa, dans le nord-est du pays, mais également les rivières Guapinol et San Pedro qui alimentent en eau environ 16.000 habitants, dans une région en butte aussi à la déforestation, la pollution et au braconnage. L’avocat Efrain Ramirez, selon lequel ses clients encourent des peines pouvant aller jusqu’à 14 ans de prison, envisage d’invoquer dans cette affaire une loi d’amnistie votée la semaine dernière par le Parlement. La nouvelle présidente du Honduras, Xiomara Castro, de gauche, a promis de gracier les militants écologistes, lors de son investiture le 27 janvier.
Les défenseurs de l’environnement combattent l’exploitation à ciel ouvert de la mine d’oxyde de fer qui portent atteinte selon eux à la réserve forestière Botaderos, près de Tocoa. Une porte-parole du groupe minier Los Pinares a assuré que celui-ci « est une entreprise responsable, du point de vue social et environnemental, qui favorise le développement à Tocoa ». Los Pinares avait annoncé l’an dernier le début de l’exploitation de la mine, ainsi que la construction d’une installation de traitement du minerai. Le Comité municipal de défense des biens communs et publics de Tocoa auxquels appartiennent les militants condamnés avait installé en 2018 un campement pour s’opposer au groupe minier. Il s’en était suivi un affrontement avec des gardes de la mine : un militant avait été blessé par balle, tandis que les défenseurs de l’environnement avaient retenu le chef de la sécurité de l’entreprise, et un véhicule de celle-ci avait été incendié. Huit manifestants avaient été arrêtés et emprisonnés « sans base légale », selon un rapport du Groupe de l’ONU contre les détentions arbitraires. La réserve de Botaderos compte 34 bassins hydrographiques, des arbres précieux, ainsi que des animaux en danger d’extinction, et des vestiges précolombiens. Les 96.755 hectares du Parc National Botaderos bénéficient depuis août 2012 du statut de « zone protégée », mais une décision approuvée par le Parlement a enlevé cette protection à une zone de 217 hectares, où s’est installé le groupe minier.