Les aides Covid françaises favorisent la pêche industrielle

Photo d'illustration ©mcsc1995 de Pixabay

1423
⏱ Lecture 2 mn.

Une nouvelle étude de l’ONG BLOOM publiée dans la revue Marine Policy analyse les aides Covid allouées par la France au secteur maritime et montre que la majorité ont été attribuée aux entreprises les plus puissantes et aux pratiques de pêche destructrices.

Lors de la première vague du Covid-19 en France, le gouvernement a décidé de traduire les Initiatives d’Investissement (un ensemble d’aides visant à aider les acteurs économiques européens à faire face à la crise du COVID-19) de la Commission européenne en un arrêté gouvernemental. Ce dernier définissait les conditions d’obtention des aides pour les arrêts d’activités temporaires pour le secteur de la pêche. Dans une récente étude publiée dans la revue scientifique Marine Policy, BLOOM met en lumière « une allocation massive et inégalitaire des aides COVID aux entreprises les plus puissantes du secteur et aux pratiques de pêche destructrices ».

Les résultats montrent que 82,5% (soit 12,2 millions euros) des subventions COVID ont été captés par des navires utilisant des méthodes de pêche destructrices (chaluts à panneaux, dragues, sennes). « Ces mêmes navires ne représentent que 22,1% de la flotte française », explique BLOOM.  « Une allocation totalement inégalitaire des aides confirmée par une donnée supplémentaire de l’étude : sept entreprises/groupes représentant uniquement 0,8% (53 navires) de la flotte française ont reçu 28,5% de l’ensemble des subventions ».  L’Armement Porcher qui est le plus gros armateur de Bretagne du Nord a ainsi touché 1 446 384 € pour 16 chalutiers.

Dans cette étude, BLOOM dénonce le choix de la France de ne pas respecter les engagements et objectifs visant à soutenir les communautés côtières à faible impact et à reconstruire des écosystèmes marins – y compris pendant la crise du COVID-19. BLOOM explique que dès mars 2020 le gouvernement avait choisi de ne consulter que le Comité national des pêches, verrouillé par la pêche industrielle, et d’ignorer les demandes de la société civile quant aux conditions d’attribution des aides. L’arrêté gouvernemental qui a été pris en avril 2020 en réponse aux aides lancées par la Commission européenne est décrit par l’ONG comme d’un « cadeau pour la pêche industrielle » étant donné « qu’aucun critère environnemental ou social pour accéder aux aides, une logique du « premier arrivé, premier servi » et en prime, aucun plafonnement quant aux montants pouvant être perçus pour les navires de plus de 12 mètres ».

L’association montre finalement que le gouvernement et l’administration française se sont débrouillé pour que ces financements alloués à la pêche industrielle par les fonds publics ne se fasse pas sous le regard de la société civile et de l’Union européenne. « Ainsi, aucune analyse publique n’a été produite par le Ministère de l’Agriculture et l’administration française quant à l’attribution réelle des aides COVID. Seules les données brutes indiquant les subventions nominatives par navire ont été rendues publiques, comme l’oblige la loi européenne », conclut BLOOM.

Consulter l’étude