Greenpeace International et le groupe de recherche Forensic Architecture ont dévoilé les résultats d’une enquête, montrant que le groupe Korindo, géant de l’huile de palme certifié FSC, aurait provoqué des incendies pour défricher la forêt tropicale de Papouasie.
Le groupe Korindo bénéficie de la certification Forest Stewardship Council (FSC), signifiant qu’il respecte les procédures garantissant la gestion durable des forêts. Pourtant, le géant de l’huile de palme est accusé par Greenpeace International et le groupe de recherche Forensic Architecture de provoquer des incendies afin de défricher la forêt tropicale la plus orientale d’Indonésie, en Papouasie. Cette pratique interdite par la loi est responsable de la destruction de 57 000 hectares de forêt tropicale depuis 2001.
Greenpeace et Forensic Architecture ont tenté de savoir si les incendies étaient accidentels, provoqués par les communautés ou liés au développement des plantations. Le groupe de recherche britannique a utilisé des images satellite de la NASA couvrant une période de cinq ans, ce qui a permis d’identifier les sources de chaleur des incendies. Forensic Architecture a ensuite rassemblé des données ainsi que des séquences vidéo provenant d’enquêtes aériennes menées par des militants de Greenpeace en 2013 pour s’assurer que les points chauds étaient bien des incendies. L’équipe a constaté que la déforestation dans cette zone de l’île résulte bien d’une utilisation délibérée du feu. Cependant, le FSC estime qu’il n’y avait pas de preuves suffisamment solides pour dire que Korindo a délibérément déclaré des incendies dans le but de défricher la forêt. Le groupe a déclaré à la BBC que les incendies dans ses concessions étaient soit causés naturellement par la sécheresse soit déclenchés par les villageois chassant des rats sauvages géants cachés sous des piles de bois. Les villageois ont répondu à cette accusation en disant qu’ils avaient vu des employés du groupe mettre le feu aux terres pendant plusieurs années, ce qui correspond aux résultats de l’enquête menée par Greenpeace et Forensic Architecture.
Le groupe Korindo a menacé d’ouvrir une action en justice pour faire taire la société civile et les organes de presse qui continuent d’enquêter sur ses activités. D’après Greenpeace International, le Forest Stewardship Council (FSC) a mené trois enquêtes distinctes sur le dossier Korindo en matière de déforestation et d’atteintes aux droits de l’homme. Les rapports publiés auraient été des versions fortement censurées.
Ce n’est pas la première accusation d’incendie criminel porté contre Korindo. En 2016, une coalition d’ONG avait publié un rapport qui identifiait la déforestation d’au moins 30 000 hectares et plus de 900 points chauds d’incendies dans les plantations de palmiers à huile depuis 2013. Kiki Taufik, le responsable de la campagne pour la protection de la forêt en Asie du sud-est explique dans un communiqué que « Le gouvernement indonésien distribue des forêts à des entreprises comme Korindo et leur permet d’opérer en toute impunité. Pendant ce temps, les entreprises, les acheteurs et certains organismes de certification les aident à créer une façade de durabilité. Le gouvernement doit immédiatement et de manière transparente enquêter sur les preuves de l’implication de Korindo dans les incendies. Le FSC doit publier des versions complètes non censurées de ses rapports qui montrent comment Korindo a violé sa politique d’association et couper immédiatement tout lien avec Korindo, comme le recommande son propre panel de plaintes« .