Par Christine de Colombel – Une menace que personne n’a voulu voir. Venise la belle avec ses palais, ses places, ses canaux et ses églises, n’a pas résisté. Une vague, une seule, gigantesque et mortifère, a réussi à l’engloutir. La basilique Saint-Marc, en ruines ! Le Palais des Doges, éventré !
Le savant système MOSE, soixante-dix-huit écluses destinées à réguler les eaux capricieuses de la lagune, a bel et bien failli. La ville est dévastée. Avant ce cataclysme, la famille Malegatti s’est souvent déchirée au sujet de l’avenir de la ville. Le père, Guido, conseiller municipal et entrepreneur, ne pense qu’à développer Venise et lui assurer un tourisme de masse. La mère, Maria Alba, issue d’une noble famille, n’est pas loin de penser que « tout était mieux avant. » Quant à la fille Léa, du haut de ses dix-sept ans, elle manifeste une conscience plus aiguë des vrais problèmes et se bat. Au gré d’un roman haletant, Isabelle Autissier nous raconte les contradictions de cette famille pour anticiper le désastre qui se prépare. Conteuse hors pair, doublée d’une conscience écologique éclairée, l’ex-navigatrice, présidente d’honneur de la fondation WWF France, auteure de plusieurs romans, conduit cette fable jusqu’à la transformer en un cauchemar entêtant. Et si ce livre avait la vertu de faire évoluer les esprits dans le domaine environnemental ?
Christine de Colombel
Le naufrage de Venise, Isabelle Autissier, Stock, 2022, 268 pages, 20,50 €
