Les corneilles sont noires.
Elles ne chantent pas mais crient.
Elles vivent en troupes et piochent volontiers dans les poubelles.
Leur cohabitation avec citadins et ruraux est difficile : dans les parcs urbains et notamment à Paris où les promeneurs se plaignent même d’agressions, dans les zones agricoles qui subissent leurs dégradations. À tel point qu’Entre l’automne 2019 et l’été 2022, plus de 5 millions de corbeaux, corneilles et pies ont été tués en France sous couvert de régulation, pour lutter contre les dégâts qu’ils sont censés causer aux cultures et au petit gibier. Sans réelle efficacité.
Elles possèdent des facultés remarquables de discernement, une psychologie assez développée, qui les rendent vraiment dignes d’intérêt. Et l’on ne saurait mépriser un oiseau qui, en butte à une antipathie presque générale (…) sait si bien s’adapter aux circonstances et prospérer tenacement à côté de l’homme (Paul Géroudet).
Frédéric Jiguet s’émerveille de ces oiseux, de leur intelligence étonnante et de leur capacité d’adaptation. Il a fait le pari de connaître, dans le détail, leur mode de vie et de réconcilier les humains avec eux.
Pour ce faire, il a mobilisé ses collègues scientifiques et leur littérature, de nombreux ornithologues qui, comme lui, parient sur la connaissance et divers médias.
Avec enthousiasme, ce livre propose le bilan de neuf années d’observation, d’analyses des comportements des corneilles et de mise en œuvre d’une relation nouvelle avec ces soi-disant nuisibles. Il le fait avec humour et grande perspicacité.
Une lecture passionnante pour tous ceux qui veulent comprendre leur proche environnement et non écouter tant de propos excessifs et erronés.
Jean-Philippe Grillet
Vivent les corneilles, Frédéric Jiguet, Actes Sud, 2024, 160 pages, 21 €
