🆓 Le Covid-19 frappe plus durement les régions dont l’air est pollué

Photo © jwvein de Pixabay

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Les personnes vivant dans des villes polluées sont plus exposées au risque de Covid-19, révèle l’ONG Alliance européenne pour la santé publique (EPHA).

La pollution atmosphérique peut provoquer de l’hypertension, du diabète et des maladies respiratoires, des affections que les médecins commencent à associer à des taux de mortalité plus élevés pour le Covid-19. Une étude de 2003 sur les victimes du coronavirus SRAS a révélé que les patients des régions où la pollution atmosphérique est « modérée » ont 84 % plus de chances de mourir que ceux des régions où la pollution atmosphérique est « faible ».

La Société européenne de pneumologie (ERS) est membre de l’EPHA. Le Dr Sara De Matteis, professeur associé en médecine du travail et de l’environnement à l’université de Cagliari, en Italie, et membre du comité de santé environnementale de l’ERS, déclare : « La qualité de l’air urbain s’est améliorée au cours du dernier demi-siècle, mais les émanations des véhicules à essence et surtout diesel restent un problème grave. Même les moteurs diesel les plus récents émettent des niveaux de pollution dangereux. Les patients souffrant d’affections pulmonaires et cardiaques chroniques causées ou aggravées par une exposition de longue durée à la pollution atmosphérique sont moins à même de lutter contre les infections pulmonaires et risquent davantage de mourir. C’est probablement aussi le cas pour le Covid-19. En abaissant les niveaux de pollution atmosphérique, nous pouvons aider les plus vulnérables dans leur lutte contre cette pandémie et toute autre pandémie future éventuelle ».

La pollution de l’air est le plus grand risque environnemental pour la santé en Europe, le problème étant le plus important dans les villes, selon l’AEE. Les particules (PM), le dioxyde d’azote (NO₂) et l’ozone troposphérique (O₃) sont les polluants les plus nocifs et entraînent environ 400 000 décès prématurés chaque année. Un des points chauds est le nord de l’Italie, centre de l’épidémie de coronavirus en Europe. La pollution urbaine (NO₂) provient principalement du trafic, en particulier des véhicules diesel, qui sont également une source importante de particules. La proportion de véhicules diesel a fortement augmenté en Europe depuis le début du millénaire, et beaucoup d’entre eux ne respectent pas les normes européennes en matière de pollution atmosphérique. 71 procédures d’infraction ont été engagées contre des pays de l’UE pour non-respect des normes de qualité de l’air.

L’imagerie satellitaire a révélé une baisse remarquable de la pollution par le NO2 depuis le début des mesures de confinement. Sascha Marschang, secrétaire général par intérim de l’EPHA, a déclaré : « L’air s’est peut-être assaini en Italie, mais le mal a déjà été fait à la santé humaine et à la capacité des gens à lutter contre l’infection. Les gouvernements auraient dû s’attaquer à la pollution chronique de l’air depuis longtemps, mais ils ont donné la priorité à l’économie plutôt qu’à la santé en faisant preuve de laxisme à l’égard de l’industrie automobile. Une fois la crise passée, les décideurs politiques devraient accélérer les mesures visant à retirer les véhicules sales de nos routes. La science nous dit que des épidémies comme celle de Covid-19 se produiront de plus en plus fréquemment. Le retour à une atmosphère moins polluée est donc un investissement de base pour un avenir plus sain ».