Renflouement contre suppressions de postes : près de 500 agents vont quitter l’Office national des forêts (ONF) dans les cinq ans, en contrepartie d’un soutien accru de l’Etat pour revenir à l’équilibre financier, un marché loin de faire l’unanimité avant un vote vendredi en conseil d’administration.
La nouvelle fait grincer des dents : près de 500 agents vont quitter l’Office national des forêts (ONF) dans les cinq ans. Précisément, ce sont 95 équivalents temps plein par an pendant cinq ans qui doivent être supprimés, aux termes d’un « contrat d’objectifs et de performances » (COP) proposé par l’Etat pour 2021-2025. L’office, qui comptait 12.000 agents au début des années 2000, en compte aujourd’hui environ 8.400. Le contrat vise à « stabiliser et donner des perspectives » à l’ONF, explique-t-on au ministère de l’Agriculture, principale autorité de tutelle, où l’on met l’accent sur un endettement « extrême« . Celui-ci, sans mesure d’urgence, aurait pu atteindre 480 millions d’euros fin 2021 pour un budget global de l’ordre de 700 millions d’euros. Régulièrement déficitaire, car les ventes de bois ne couvrent plus les frais de gestion de la forêt, l’office a perdu l’an dernier 20% de son chiffre d’affaires face à la pandémie et accusé une perte de 65 millions d’euros. Il a pour feuille de route le retour à l’équilibre financier d’ici 2025.
Dans ce contexte, le gouvernement a notamment consenti à verser 60 millions d’euros de subventions exceptionnelles, réparties sur trois ans, qui viennent s’ajouter aux 140 millions habituellement versés par l’Etat chaque années. Il a décidé par ailleurs, par le biais du ministère de la Transition écologique, de revaloriser les missions d’intérêt général (activités liées à la biodiversité, à la maitrise du risque d’incendie ou des risques d’érosion). Mais pour les syndicats, c’est loin d’être suffisant. L’Etat demande « des contreparties qui ne sont pas entendables aujourd’hui, notamment la diminution des effectifs« , a déclaré à l’AFP Arnaud Métais, coordinateur Efa-CGC et membre de l’intersyndicale. « L’emploi à l’ONF c’est toujours plus de ‘dé-fonctionnarisation’, de précarisation« , s’est d’ailleurs alarmée cette semaine l’intersyndicale, agitant le spectre de la privatisation alors que le ministère de l’Agriculture écarte catégoriquement celle-ci et insiste sur les moyens publics accordés à l’ONF.
De fait, de nombreux travaux en forêt « sont des choses que nous confions à des entreprises de travaux forestiers, des entreprises privées« , explique Bertrand Munch, directeur général de l’établissement, un argument qui vient toutefois aussi répondre aux craintes des syndicats de voir la charge de travail augmenter. Autre sujet de tension, l’Etat demande aux communes forestières, dont les massifs représentent près des deux tiers de la forêt publique, de revoir en nette hausse – près de 30 millions d’euros sur trois ans – leur contribution au budget de l’ONF, un effort « ressenti comme une provocation« , selon Dominique Jarlier, président de la Fédération nationale des communes forestières (FNCOFOR) et vice-président du conseil d’administration de
l’office.
« On nous demande de ne pas vendre (le bois) cher à l’export pour essayer de vendre à nos entreprises nationales, on nous demande de contractualiser pour approvisionner correctement les entreprises nationales, on nous demande des tas d’efforts et de l’autre côté, on nous annonce qu’on va nous taxer de 10 millions de plus à la sortie« , a-t-il déploré. L’émoi provoqué par ce projet de contrat atteint même certains élus de la majorité présidentielle. « Je trouve ça lunaire, de considérer que moins 500 personnes, ce serait une bonne décision« , a déclaré à l’AFP Anne-Laure Cattelot, députée LREM du Nord, « au moment même où tout le monde nous explique, les scientifiques, les experts forestiers, les écologues, que la forêt est absolument stratégique pour la modération du changement climatique« . Les communes forestières ont d’ores et déjà averti qu’elles voteraient vendredi contre ce projet de contrat.