🔻 L’industrie du soja ne respecte pas ses engagements socio-environnementaux

Photo d'illustration © Julio Cesar García de Pixabay

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Le Fonds Mondial pour la Nature et Global Canopy ont étudié les politiques socio-environnementales des plus gros traders de soja du monde. Ils en concluent que les mesures mises en œuvre pour lutter contre la déforestation, la conversion des écosystèmes naturels et les violations des droits humains sont loin d’être à la hauteur des enjeux.

Un récent rapport du Fonds mondial pour la nature (WWF) montrait que le soja était la principale matière première responsable de la déforestation importée de l’Union européenne (31 %) entre 2005 et 2017, devant l’huile de palme et la viande de bœuf. En effet, le soja est l’une des principales sources de protéines pour l’alimentation humaine, mais surtout pour le fourrage du bétail et est ainsi l’un des premiers moteurs de déforestation. Afin d’en savoir plus sur le commerce du soja et son engagement social et environnemental, le WWF et Global Canopy ont étudié les politiques des plus gros traders de soja du monde pour lutter contre la déforestation, la conversion des écosystèmes naturels et les violations des droits humains. Les 9 traders en question ayant répondu à l’enquête (sur 22) représentent à eux seuls 52 % des exportations mondiales de soja. Il s’agit des groupes Amaggi (Brésil), Cargill, Bunge, ADM, CHS (États-Unis), COFCO (Chine), Viterra (Suisse), Louis Dreyfus Company (Liechtenstein) et CJ CheilJedang Corporation (Japon).

Le WWF et Global Canopy ont analysé la robustesse et la mise en œuvre de leurs engagements en matière d’absence de déforestation et de conversion dans leurs chaînes d’approvisionnement. « Les critères étudiés étaient le respect des écosystèmes naturels (forêts et autres écosystèmes) et des droits humains, la transparence, la collaboration avec d’autres parties prenantes et la tendance de progression », indique le WWF. La conclusion générale de cette enquête est que les mesures mise en œuvre sont loin d’être à la hauteur de l’urgence de la situation. Les 9 participants ont à peine obtenu la moyenne. À noter que le score le plus élevé n’est que de 52,5 %.

Pour que leurs mesures soient efficaces, les traders doivent faire mention de « cut-off dates » claires, d’après le WWF. Cela correspond à des dates limites à partir desquelles la conversion d’un écosystème naturel est explicitement prohibée. Ces informations n’apparaissent pas encore dans leur plan d’action. « Enfin, les engagements affichés ne sont pas appliqués de manière égale sur l’ensemble des chaînes d’approvisionnement ni à tous les écosystèmes à risque, comme le Cerrado au Brésil », ont relevé les ONG. Le WWF et Global Canopy exhortent les traders de soja à adopter de manière urgente, des engagements ambitieux. « Ils doivent s’engager à l’arrêt de la conversion de tous les écosystèmes naturels et au respect des droits humains dans l’ensemble de leurs chaînes d’approvisionnement. Une cut-off date doit être mise en place à 2020 au plus tard », précise le WWF dans un communiqué. L’ONG appelle également les neuf concernés à généraliser la traçabilité et la transparence à l’ensemble de leurs activités, sans quoi la durabilité de la filière restera fortement limitée.

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