Une nouvelle enquête de l’UFC – Que choisir montre que 86 % des poissons présents dans les étals des grandes surfaces enquêtées sont pêchés selon des méthodes non durables ou dans des stocks surexploités.
L’Union Fédérale des Consommateurs (UFC) – Que choisir est de retour avec une enquête choc sur les mauvaises pratiques de la grande distribution en matière de pêche durable. L’association s’est intéressée à la commercialisation de trois poissons largement consommés et menacés par la surpêche : le cabillaud, la sole et le bar. En janvier et février 2018, elle a prospecté auprès de 1134 poissonneries de grandes surfaces, dans l’intention de « vérifier le respect des mentions obligatoires sur les méthodes de pêche et les zones de capture » et « analyser les résultats sur la durabilité des ressources exploitées, tant en termes de méthodes de pêche que de zones de captures », explique-t-elle dans un communiqué. Concernant l’étiquetage, l’enquête relève que « dans deux tiers des cas, les mentions obligatoires sont absentes, fantaisistes ou trop vagues ». Ainsi, souvent, les zones de captures ne sont désignées que par des aires géographiques très larges, comme « Atlantique » ou « Méditerranée », ce qui empêche l’identification des poissons provenant de stocks surexploités. « Quant à l’information sur les méthodes de pêches, elle est absente pour un poisson sur quatre ! » UFC – Que choisir couronne le mal-étiquetage des enseignes Intermarché (« trois poissons sur quatre » non conformes), Système U (76%) et Leclerc (67%).
D’après l’enquête, le plus inquiétant concerne la durabilité des méthodes de pêche pour les trois poissons concernés. « Seuls les poissons pêchés avec des méthodes respectueuses de la ressource et dans des zones où les stocks sont abondants peuvent être considérés comme durables », rappelle l’association. Or les supermarchés privilégient en majorité des méthodes peu sélectives et très impactantes pour les écosystèmes marins, comme la drague et le chalut de font. Ce dernier, « de loin la méthode de pêche la plus utilisée, est ainsi relevé pour les trois quarts des cabillauds et pour plus de la moitié des soles et des bars. » Les méthodes plus respectueuses, comme la traîne ou le casier concernent rarement plus du quart des poissons. L’enquête en conclut que dans les supermarchés, en moyenne 86% des poissons examinés sont non-durables : 88% des cabillauds, 86% des soles et 80% des bars. Ces résultats concernent l’ensemble des supermarchés, sans exception, et sont quasi-identiques chez les sept grandes enseignes étudiées : « Système U, l’enseigne la plus mal notée, propose 89 % de poissons non durables, alors que Cora qui est le moins mal classé, en propose 81 %, soit une proportion à peine moins élevée. » L’association d’en conclure que « la grande distribution n’a aucune politique d’approvisionnement durable pour les trois espèces étudiées. »
Tout en rappelant que 88 % des stocks de poissons européens sont actuellement surexploités ou voient leur capacité à se reconstituer menacée, l’UFC – Que choisir émet en conclusion plusieurs recommandations, parmi lesquelles : intègrer un indicateur explicite de la durabilité du poisson dans l’étiquetage réglementaire et aligner strictement les futurs quotas de pêche sur les recommandations émises par les experts du Conseil International pour l’Exploration de la Mer.