Le Cese a adopté un avis formulant 22 préconisations pour mieux intégrer la biodiversité dans les villes. Au menu : plus d’espaces verts, lutte contre l’artificialisation des sols ou encore développement des continuités écologiques.
Les politiques de la ville doivent mieux prendre en compte la préservation de la biodiversité, a estimé mercredi 11 juillet le Conseil économique, social et environnemental (Cese), qui présente 22 préconisations en ce sens venant compléter les mesures du Plan biodiversité du gouvernement. Pour le Cese, dont les avis sont consultatifs, une des priorités est d’inscrire la défense de la biodiversité « dans l’article un de la Constitution », selon un communiqué. Dans le cadre de la révision de la Constitution, il est prévu d’inscrire dans l’article 1er que la France « agit pour la préservation de l’environnement et de la diversité biologique et contre les changements climatiques ». Une autre priorité est de prendre la biodiversité « en compte de façon transversale dans l’ensemble des politiques publiques applicables à la ville (aménagement, logement, transport, santé, agriculture…) », poursuit le Cese. « Il faut faire de la biodiversité un enjeu majeur », a expliqué à l’AFP la rapporteure de cet avis, Annabelle Jaeger, ancienne conseillère régionale en Paca et vice-présidente de la Fondation pour la nature et l’homme ; d’autant que « la demande sociale est très forte » pour donner une plus grande place à la nature en ville. « C’est une partie de la réponse au changement climatique et à la lutte contre l’érosion de la biodiversité », tout en étant bénéfique pour la santé, rappelle Mme Jaeger. Les préconisations du Cese mettent l’accent sur la nécessité d’« intégrer les milieux naturels comme éléments structurants de l’aménagement urbain », avec un objectif d’environ « 30% d’espaces végétalisés de pleine terre » et des mesures compensatrices en cas de « destruction d’éléments naturels en milieu urbain ». Aujourd’hui, quand un espace est disponible en ville, « souvent la question ne se pose pas entre faire du logement ou faire de la nature, on fait du logement », constate la rapporteure. « J’aimerais que systématiquement on se pose la question de comment faire les deux ». Le Cese rappelle d’ailleurs que les espaces verts présentent également un intérêt dans le cadre de l’adaptation au changement climatique : « Verdir la ville a de nombreux bienfaits, par exemple pour lutter contre les îlots de chaleur », explique le professeur d’écologie Luc Abbadie, auditionné dans le cadre de l’avis.
Les continuités écologiques au sein même des villes devraient être renforcées avec plus de trames verte et bleue. Pour mieux les développer, les atlas de biodiversité communale (ABC) sont avancés comme une clé d’appropriation essentielle de la nature urbaine, car ils permettent de s’appuyer sur des inventaires cartographiques des habitats, de la faune et de la flore. D’autres mesures novatrices tendent vers l’intégration de la biodiversité dans les politiques de logement. Ainsi, les aides à la rénovation de l’Agence nationale de l’habitat (Anah) ou de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) pourraient être conditionnées par la prise en compte de la nature dans les projets. Le Cese recommande également de lutter contre l’artificialisation des sols en réformant la fiscalité « pour qu’elle pèse davantage sur les usages fortement consommateurs d’espaces et soit plus favorable aux espaces naturels ». La désimperméabilisation de l’espace urbain devient enfin une priorité, de même que favoriser les initiatives pour « reconnecter avec la nature une population majoritairement urbaine ».