Un projet d’arrêté autorisant à nouveau pour la campagne 2022 l’utilisation de semences de betteraves sucrières traitées avec des néonicotinoïdes, insecticides aux effets néfastes pour les abeilles, est mis à la consultation du public jusqu’au 16 janvier, a annoncé lundi le ministère de l’Agriculture.
La filière française de la betterave, qui avait déjà bénéficié d’une mesure similaire en 2021, « demeure économiquement fragile », fait valoir le ministère dans un communiqué. « Au regard des éléments disponibles, le gouvernement considère que les conditions d’octroi d’une dérogation pour 2022 sont réunies », ajoute-t-il. Le projet d’arrêté autorise au titre de la campagne 2022 et pour une durée de 120 jours, l’emploi de semences de betteraves sucrières traitées avec des néonicotinoïdes (imidaclopride, thiamethoxam), très controversés. L’arrêté est accompagné de restrictions sur les cultures qui peuvent être implantées les années suivantes, afin de réduire l’exposition des insectes pollinisateurs aux résidus éventuels de ces produits. Fin 2020, le Parlement avait autorisé le retour temporaire de ces insecticides « tueurs d’abeilles » interdits depuis 2018, pour voler au secours de la filière betteravière. Elle venait de faire face à la prolifération de pucerons verts, vecteurs de la maladie de la jaunisse qui affaiblit la plante et réduit les rendements. La loi précisait que les dérogations ne pourraient être accordées, jusqu’en juillet 2023, que pour les semences de betterave sucrière. « Les betteraviers français ont été confrontés en 2020 à une crise majeure et inédite liée à la prolifération de ces pucerons », rappelle le ministère. « Cette crise a fragilisé l’ensemble du secteur sucrier et créé le risque d’un abandon massif de la betterave en 2021 par les agriculteurs au profit d’autres cultures », dit-il pour justifier la loi du 14 décembre 2020 autorisant le recours temporaire à ces insecticides en cas de danger sanitaire pour les betteraves sucrières.Le gouvernement rappelle que parallèlement, un Plan national de recherche et d’innovation a été mis en place pour coordonner « un important effort de recherche sur la jaunisse de la betterave afin d’apporter des solutions opérationnelles aux agriculteurs d’ici trois ans ». Les alternatives aux néonicotinoïdes, qui font l’objet de ces recherches ne sont cependant pas encore utilisables pour les semis 2022″, souligne le ministère.
Le projet d’arrêté a été soumis au Conseil de surveillance des néonicotinoïdes qui a rendu un avis favorable le 21 décembre.