Corse : des scientifiques maîtrisent la reproduction de la patelle géante, un mollusque protégé

eplesko de Pixabay

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Après la langouste rouge ou la grande araignée de Méditerranée, des scientifiques d’un laboratoire implanté en Corse ont annoncé lundi maîtriser la reproduction de la patelle géante, une avancée qui pourrait sauver ce mollusque dont l’Ile de Beauté est un des derniers gisements.

Les chercheurs de la plateforme Stella Mare (Sustainable TEchnologies for LittoraL Aquaculture and MArine REsearch) ont réussi à obtenir 72 juvéniles de cette espèce protégée au niveau européen, puis à garantir « la survie de plus de 70% » d’entre eux à ce jour.  Les individus, qui font environ dix centimètres et sont âgés de plus de trois mois, sont actuellement élevés dans les aquariums de Stella Mare, un laboratoire situé à Biguglia (Haute-Corse) et qui dépend de l’Université de Corse et du Centre national français de la recherche scientifique (CNRS).  Ils vont être au coeur d’une première opération de restauration écologique expérimentale qui s’effectuera d’ici à un an, le long du Vieux-Port de Bastia, en Haute-Corse. Ce site, qui présentait historiquement des populations de patelle géante (Patella ferruginea), « servira à la fois de démonstrateur technologique et de site de sensibilisation ».  Présentes dans l’Antiquité sur l’ensemble du pourtour méditerranéen, les patelles géantes –des populations très limitées– ne vivent plus aujourd’hui que dans des sites isolés des côtes d’Andalousie et du nord de l’Afrique ainsi que dans certaines enclaves de Corse et de Sardaigne.  En Corse, la population de l’espèce est toutefois en accroissement : « La réserve des Bouches de Bonifacio demeure l’un des derniers gisements à l’échelle mondiale, avec plus de 10.000 géniteurs présents », a précisé Jean-Jo Filippi, ingénieur à Stella Mare, au cours d’une conférence de presse.   Ce mollusque, comparable à un gros escargot marin, est prisé des pêcheurs pour en faire un appât ou pour la soupe : « L’avancement de l’homme sur le littoral et les aménagements côtiers ont contribué à détruire l’espèce », a avancé l’ingénieur.   « Cette avancée scientifique pourrait assurer la réintroduction de l’espèce à l’échelle méditerranéenne », selon les scientifiques de Stella Mare. « Les scientifiques internationaux préconisent désormais la maîtrise de la reproduction en conditions contrôlées et le transfert de jeunes individus vers les zones de restauration écologique. »  Selon Stella Mare, plusieurs pays européens se sont montrés intéressés par ces transferts qui pourraient intervenir d’ici un an.  En 2021, les scientifiques de Stella Mare avaient déjà annoncé maîtriser la reproduction de la grande araignée de Méditerranée et de la langouste rouge, des avancées ayant aussi pour but d’assurer la sauvegarde de ces espèces.