Le nombre de loups présents en France en 2023 s’est établi à 1.003 individus, en baisse de 9% sur un an, selon une estimation rendue publique jeudi qui relance le débat sur la protection de l’espèce et le nombre de tirs autorisés contre le prédateur.
Il s’agit de la première baisse en près de dix ans de la population lupine – selon les chiffres disponibles sur le site loupfrance.fr- , moteur de discorde entre le monde agricole et les défenseurs de l’environnement.
Les associations de défense de la nature (WWF France, la Ligue de protection des oiseaux (LPO), France Nature Environnement (FNE), Ferus, l’Aspas et Humanité et biodiversité), les premiers à publier ce chiffre à la baisse, demandent à l’Etat de baisser, en conséquence, le nombre de tirs autorisés du prédateur, fixé à 19% de l’effectif.
« Cette nouvelle estimation renforce le constat que (l’espèce) n’est pas en bon état de conservation », écrivent-elles. La mortalité naturelle et accidentelle est par ailleurs estimée à 15%.
Le chiffre de 1.003 a été confirmé à l’AFP par une source administrative proche du dossier à la veille d’une réunion du Groupe national loup (GNL) à Lyon.
« Ce qui est important, c’est d’étudier la trajectoire » de l’évolution des populations et ce seul chiffre ne permet pas de confirmer une tendance baissière, selon la même source.
Cette source a précisé que le nombre plafond de loups pouvant être abattus en 2024 a été calculé sur la population estimée en fin d’hiver, soit 1.104 -et non sur la nouvelle estimation- ce qui correspond à 209 canis lupus. Par ailleurs, le nombre d’attaques de loups est en hausse au niveau national, selon la même source.
Braconnage
« Pour 2024, on est sur une hausse des constats et des victimes », a confirmé à l’AFP Claude Font, référent du dossier prédation à la Fédération nationale ovine (FNO).
« Si on reste à 19% de prélèvements sur l’estimation de la population de loups, on ne va pas enrayer le nombre de brebis prédatées au niveau national », a-t-il poursuivi.
« Notre objectif reste le même, une baisse de la pression de prédation » sans « aller dans une surenchère des mesures de protection » des troupeaux, a-t-il insisté.
Pour les ONG, « les autorisations de destruction s’apparentent plus à une volonté d’empêcher l’installation de l’espèce sur de nouveaux territoires qu’à une recherche de prévention des dommages aux troupeaux ».
A cela s’ajoute « une recrudescence de braconnage et d’empoisonnement », selon le président de la LPO, Allain Bougrain-Dubourg.
Hurlements –
La réunion du GNL prévue vendredi à Lyon sera consacrée à la nouvelle méthode de comptage et d’estimation, ainsi qu’aux modalités des autorisations de tirs et indemnisation des éleveurs.
Cette instance consultative rassemble élus, représentants du monde agricole, bergers, chasseurs, espaces protégés, administrations et associations de protection de la nature. Mais les ONG qui ont claqué la porte du GNL en septembre, en jugeant « inacceptable » le nouveau Plan national loup 2024-2029, ne seront pas présentes vendredi, selon les informations obtenues par l’AFP.
Ce plan prévoit notamment un accompagnement renforcé des éleveurs face à la prédation de leur bétail, des tirs facilités du carnivore, ainsi que la refonte en cours de l’actuel système de « comptage » des loups, en réalité une estimation établie par l’Office français de la biodiversité (OFB) à partir d’indices (traces, hurlements, analyses génétiques, etc.)
Les chiffres rendus publics jeudi se basent sur l’ancienne méthode, qui incluait un chiffre provisoire publié à la sortie de l’hiver et confirmé par la suite.
Avec la nouvelle méthode, un seul chiffre sera publié fin 2024 et servira de base pour fixer le quota des prélèvements de loups en 2025, a expliqué à l’AFP la source administrative proche du dossier.
Après avoir été exterminé en France, le loup est réapparu au début des années 1990 en traversant les Alpes depuis l’Italie, et ses rangs ont progressivement grossi, au grand dam des éleveurs qui ont déploré plus de 12.000 bêtes attaquées en 2022.
Alors que le loup est une espèce « strictement protégée » dans l’Union européenne, le nouveau plan loup en France évoque la possibilité de revoir le statut de l’animal, ce que rejettent les ONG.