Une équipe de chercheurs de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) a élaboré un modèle pour améliorer la compréhension et la gestion des interactions complexes entre activités humaines, tendances climatiques changeantes, et phénomènes météorologiques extrêmes sur les écosystèmes côtiers.
Les écosystèmes des pays tropicaux comme ceux d’Afrique de l’Ouest sont particulièrement soumis à des pressions intenses, provoquées par une activité humaine incessante, des tendances climatiques changeantes et des phénomènes météorologiques extrêmes. Une équipe de chercheurs de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) ont alors élaboré un modèle conceptuel pour améliorer la compréhension et la gestion de ces interactions. Dans une étude publiée dans Frontiers in Ecology and the Environment et dans un article diffusé par le média The Conversation, les auteurs expliquent avoir intégré dans leur modèle diverses variables comme la croissance démographique, le développement économique, la qualité de gouvernance, l’évolution technologique et le développement des infrastructures.
En appliquant ce modèle aux zones côtières d’Afrique de l’Ouest, soit des pays allant de la Mauritanie au Nigeria en passant par les îles du Cap-Vert et Sao Tomé et Principe, ils mettent en exergue trois scénarios possibles pour l’avenir des littoraux dans cette région peu documentée « où le besoin de planification et de régulation est grand pour anticiper et réduire les risques futurs » déclarent-ils sur The Conversation. Les scientifiques précisent que dans ces pays environ 80 % des économies se réalisent sur la bande côtière où la population augmente, ce qui rend les littoraux vulnérables. Leurs dégradations se manifestent par « l’épuisement des ressources halieutiques, la pollution, les inondations et l’érosion côtière ».
Le premier scénario observé pour le futur possible des zones côtières est appelé « anthropocentrique ». Il s’agit ici d’un scénario catastrophe dans lequel les tendances actuelles persistent, c’est-à-dire que l’augmentation de la population se poursuit ainsi que les activités économiques, le développement des infrastructures, une faible gouvernance et une mauvaise mise en œuvre des politiques. « Dans ce scénario, il y aurait un énorme déclin des écosystèmes et de leurs services », expliquent les auteurs. « L’exploitation continue des ressources côtières entraîne des inondations et une aggravation de l’érosion côtière, une plus grande vulnérabilité de la flore et de la faune, ainsi que la dégradation et la destruction de leurs habitats ».
Le second scénario est plus ou moins similaire au premier, à la différence qu’une approche réactive face aux bouleversements environnementaux est mise en place. Les chercheurs donnent l’exemple de structures de protections côtières telles que les digues, les barrières anti-tempête et les remblais pouvant être créées pour assurer la sécurité. Ils précisent cependant que ces structures auront un impact négatif sur les intérêts économiques, la santé et le bien-être des communautés qui dépendent des biens écologiques (écotourisme, loisir, pêche). « Sont également affectés négativement les services écologiques tels que la purification de l’air et de l’eau, le maintien de la biodiversité, la décomposition des déchets, la génération et le renouvellement des sols et de la végétation, la recharge des nappes phréatiques, l’atténuation des gaz à effet de serre et l’esthétique des paysages ». Ils soulignent par ailleurs que ces structures peuvent entraîner la perte d’une proportion plus importante des écosystèmes, rendant les communautés vulnérables aux phénomènes météorologiques et changements liés aux tendances climatiques.
Enfin, le dernier scénario, plus optimiste, consiste à ce que les gouvernements fassent des efforts pour encourager la conservation de l’environnement, les énergies vertes et une planification efficace de l’utilisation des terres. Il s’agit également de renforcer les politiques fondées sur les écosystèmes et développer l’ingénierie environnementale. « Dans ce scénario, l’amélioration des technologies favorise le développement de la production d’énergie marine renouvelable (bleue), le transport maritime écologique et la protection des écosystèmes côtiers riches en carbone » notent les auteurs.