Une étude suggère que la méthode d’exploitation forestière « des coupes sélectives », la plus commune sous les tropiques avec un cycle de rotation de 30 ans, n’est pas durable.
Dire que la déforestation menace les forêts tropicales relève aujourd’hui de la tautologie. Pourtant, faute d’études au long terme, la durabilité des méthodes d’exploitation forestière dans les pays tropicaux a été peu évaluée. Une équipe de chercheurs du Musémum National d’Histoire Naturelle (MNHN), du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) et du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) ont voulu remédier à cette lacune en étudiant des parcelles de forêt amazonienne exploitée à différentes intensités pendant trente ans, dans le cadre du dispositif expérimental de Paracou, en Guyane. « Plus précisément, le but a été d’étudier les conséquences de coupes sélectives avec des cycles de rotation de 30 ans, c’est–à-dire des coupes effectuées tous les 30 ans où l’on sélectionne le diamètre minimum des arbres ainsi que les espèces qui vont être coupées », indique le CNRS dans un communiqué. Les chercheurs se sont concentrés sur la flore des parcelles témoins exploitées et non exploitées, en testant si la rotation de 30 ans permettait à la forêt de retrouver sa composition floristique et la fonctionnalité de son écosystème. Les résultats montrent que, même dans le cas de faibles prélèvements de bois, la flore est toujours différente 30 ans après l’exploitation. « Plus spécifiquement, après une rotation de 30 ans, cette étude met en évidence, d’une part, que la quantité de carbone stocké et le volume d’arbres à valeur commerciale ont diminué. D’autre part, ces travaux montrent que la taille des graines a diminué, suggérant que la dispersion des graines par les animaux, processus indispensable à la survie de nombreuses espèces, peut être négativement impactée. » L’étude en conclut que le cycle de rotation des coupes sélectives devrait être allongé, ou la quantité de bois prélevé, diminuée, afin que la forêt tropicale se régénère.