Les grandes entreprises françaises du secteur laitier, de la distribution alimentaire et de la restauration doivent être plus transparentes sur leurs approvisionnements en soja qui peuvent contribuer à la déforestation en Amérique du Sud et rectifier certaines pratiques, ont demandé lundi trois associations.
Mighty Earth, France Nature Environnement (FNE) et Sherpa se sont intéressées dans un rapport à 20 groupes, d’Auchan à Danone et Lactalis, en passant par Sodexo ou LDC, susceptibles d’être de gros utilisateurs de soja, directement ou indirectement, dans leur chaîne d’approvisionnement. Le soja est utilisé pour nourrir les animaux d’élevage qu’ils commercialisent, mais sa culture extensive contribue à la disparition de forêts, voire à créer des atteintes aux droits des communautés autochtones. Les associations se sont appuyées sur la loi dite du « Rana Plaza », promulguée en 2017, qui oblige les entreprises de plus de 5.000 salariés en France à établir un plan de vigilance chez leurs sous-traitants ou fournisseurs à l’étranger, répertoriant les risques liés aux droits fondamentaux. Toutes ces entreprises n’ont pas publié de plans de vigilance, déplorent les associations, selon lesquelles il n’est pas facile de savoir quelles sociétés tombent sous le coup de cette loi. Seule une dizaine ont répondu au questionnaire envoyé par les ONG et certaines réponses sont jugées insuffisantes. Les ONG demandent à ces entreprises « d’identifier les risques et atteintes graves liés à la déforestation due à la culture du soja, de mieux assurer la traçabilité du soja qu’elles utilisent directement ou indirectement, ou encore de réparer les atteintes passées et actuelles » pouvant être liées à leurs activités. Les ONG interpellent aussi le gouvernement français et l’Union européenne, pour réclamer en France une politique plus ambitieuse concernant la lutte contre la déforestation importée et à l’UE de « soutenir une réglementation européenne » sur la transparence et la traçabilité dans les chaînes d’approvisionnement. « Si les lacunes dégagées par l’étude persistent, certaines des sociétés pourraient faire l’objet de procédures sur le plan judiciaire, y compris sur le fondement de la loi sur le devoir de vigilance« , avertissent-elles encore dans un communiqué.