Le tribunal administratif de Marseille suspend cinq arrêtés préfectoraux autorisant 71 battues au renard dans les Hautes-Alpes, suite au référé introduit par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO PACA) et la Société Alpine de Protection de la Nature (SAPN).
Fin janvier, la préfète des Hautes-Alpes avait publié cinq arrêtés permettant d’effectuer 71 battues administratives aux renards dans différentes communes du département jusqu’au 31 mars 2020. Ces décisions faisaient suite à la demande des lieutenants de louveterie, au motif que « les renards causent des dommages aux poulaillers ainsi qu’à la petite faune sauvage », s’ajoutant aux prélèvements déjà effectués durant la période de chasse ainsi qu’à ceux réalisés dans le cadre de la régulation des « espèces susceptibles d’occasionner des dégâts ». Selon les chiffres communiqués par la Fédération des Chasseurs des Hautes-Alpes pour la période 2014-2017, pas moins de 1000 renards y sont tués chaque année, (248 en battue, 328 par piégeage et 348 au titre de la chasse). La LPO PACA et la SAPN ont pu démontrer au juge que le renard est déjà suffisamment « régulé » dans les Hautes-Alpes, dans le seul but de satisfaire des intérêts particuliers minoritaires, et que la préfète et ses services n’apportaient aucune justification sur les prétendus dégâts causés à l’agriculture.
Forte des éléments fournis, la Justice a suspendu ces arrêtés. La LPO PACA et la SAPN attendent désormais le résultat du recours sur le fond qui visent à l’annulation de ces arrêtés et à la reconnaissance de leur illégalité.
A l’échelle nationale et selon la dernière enquête nationale de l’ONCFS (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, intégré à l’Office français de la biodiversité) portant sur les tableaux de chasse de la saison 2013-2014, pas moins de 430 000 renards sont tirés au fusil et près de 100 000 autres sont tués par piégeage chaque année en France. Ces derniers peuvent aussi être déterrés avec l’aide d’outils de terrassement et de chiens dans la quasi-totalité des départements français.
Toutes les observations et études scientifiques attestent pourtant que le renard est un animal utile à la collectivité et au monde agricole. En participant à la limitation des populations de rongeurs, le renard roux ainsi que de nombreux autres prédateurs rendent aux agriculteurs un précieux service écologique. C’est pourquoi les scientifiques préconisent de sauvegarder les prédateurs eu égard à leur fonction de contrôle des populations de micromammifères. Le renard serait notamment un rempart naturel contre la maladie de Lyme et aurait donc un rôle à jouer en matière de santé publique.
Enfin, en complétant son régime alimentaire notamment par des fruits et des baies, il a également pour rôle de disséminer les graines dans la nature.