Bande de dégonflés !

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Mazette ! Cent milliards d’euros, voilà qui n’est pas rien. Si la Première ministre voulait marquer les esprits avec son annonce d’un plan de 100 milliards d’euros pour le développement du transport ferroviaire, c’est réussi. Assisterions-nous à un début de concrétisation de cette « planification écologique » annoncée à cor et à cris l’an passé pendant la campagne présidentielle et bizarrement remisée depuis au magasin des promesses qui n’engagent que ceux qui y ont cru ?

Chacun sait toutefois que le diable se cache dans les détails. Et que les annonces primo-ministérielles doivent se lire comme les contrats d’assurance : en accordant une attention particulière à ces clauses discrètes, souvent sournoises, écrites en caractères minuscules au dos du joli document que l’on vous prie de signer.

Cent milliards, certes, mais d’ici 2040. Soit un peu moins de 6 milliards par an. Voilà qui reste respectable, mais d’un coup nettement moins spectaculaire. Le Comité d’orientation des infrastructures (COI), dont Mme Borne a affirmé suivre les recommandations, préconisait de son côté un investissement de 84,3 milliards entre 2023 et 2027, soit… un peu plus de 21 milliards par an.

A comparer aux 25 milliards d’euros de subventions néfastes pour le climat et la biodiversité distribuées en 2022, compte non tenu des milliards accordés aux entreprises sans conditionnalité climatique, ni les garanties de l’État pour des projets d’hydrocarbures à l’étranger.

Concrètement, a précisé Mme Borne, l’État va ajouter d’ici la fin du quinquennat 1 milliard par an pour régénérer des voies ferrées vieillissantes, et 500 millions pour les moderniser. Soit 4 x 1,5 = 6 milliards. Et le reste ? Eh bien… on va voir avec les Régions, dans le cadre des négociations des Contrats de plan État-Régions. En clair, Mme Borne a signé spectaculairement un gros chèque tiré sur un compte qui n’est pas le sien. Et son annonce tonitruante d’un plan de 100 milliards dissimule un engagement… de 6 petits milliards.

Tout cela dans le but, fort louable, de décarboner nos transports. Dans le même temps, France Stratégie relève que « La masse et la puissance des voitures neuves ont augmenté de 66 % et 147 % entre 1980 et 2018, surcompensant la baisse des émissions gagnée par optimisation du rendement des moteurs. Premier responsable de cette tendance, l’engouement pour les SUV. » Mais le gouvernement de Mme Borne reste sourd à la demande de la Convention citoyenne sur le climat de taxer les voitures d’une masse supérieure à 1,4 tonnes. Au point que, dans toutes les villes, des citoyens espiègles -et excédés- se livrent à un sport dont Le Monde livre complaisamment les secrets dans un article récent : le dégonflage des pneus de SUV en stationnement. Prenez quelques lentilles vertes (inutile de les choisir bio), dévissez le bouchon du pneu, glissez-y trois ou quatre lentilles, et revissez à moitié. Assez pour que les lentilles appuient sur la valve, mais pas trop, pour que l’air puisse s’échapper.

Vous obtenez des SUV aux pneus aussi dégonflés que les baudruches de Mme Borne.