Alerte ! Les dépenses de santé dérapent. Pour y remédier, le gouvernement annonce une « hausse probable » de la franchise sur les médicaments et sur les consultations. Concrètement, le « reste à charge » acquitté sur chaque boite de médicaments prescrite par un médecin passerait de 0,50 à 1, voire 2 €. L’objectif affiché est de « responsabiliser les Français ». Les gens « responsables », c’est bien connu, souffrent moins de migraines, sont exemptés de cancers, échappent à tous les virus saisonniers et à tous les accidents de la vie quotidienne. Autre piste retenue par nos dirigeants : contrôler plus sévèrement (pardon, « responsabiliser ») les médecins, soupçonnés d’un impardonnable laxisme dans la délivrance des arrêts-maladie.
Simultanément, on apprend que sous l’impulsion de la France et de l’Italie, l’Union européenne va renoncer à une norme qu’elle avait préalablement établie sur les gaz d’échappement des voitures : la Commission européenne entendait réduire significativement les émissions d’oxyde d’azote (NOx) et de particules fines des véhicules, mais l’industrie a déploré l’impact sur son activité de normes trop sévères. En France, la pollution de l’air extérieur occasionne 48 000 décès prématurés par an, soit 9 % de la mortalité, et une perte d’espérance de vie à 30 ans pouvant dépasser 2 ans. Avant de mourir, combien de boites de médicaments, combien de consultations médicales, combien d’arrêts de travail les victimes (« irresponsables », cela va de soi) des particules fines auront-elles « consommé » ?
On apprend aussi que la France soutient une proposition de l’Union européenne de ré-autoriser pour dix ans l’utilisation du glyphosate, un pesticide reconnu comme cancérigène pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC, agence de l’ONU) et, en France, par l’INRAe, l’institut de recherche agricole. Pourtant, le président de la République écrivait le 27 novembre 2017 : « J’ai demandé au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l’utilisation du glyphosate soit interdite en France dès que des alternatives auront été trouvées, et au plus tard dans trois ans ». Souvent, Macron varie…
Nos dirigeants ont entrepris de nous « responsabiliser ». C’est très aimable de leur part. Mais qui responsabilisera nos dirigeants ?