Une nouvelle étude menée par le Consortium APAC (Aires et territoires du patrimoine autochtone et communautaire) – une association internationale de conservation – affirme que les droits de l’homme doivent être inclus dans les politiques de conservation pour sauver la biodiversité mondiale en voie de disparition.
Il est estimé que les peuples autochtones et les communautés locales détiennent au moins 50 % des terres de la planète dans le cadre de systèmes coutumiers. Cependant, leurs droits ne sont officiellement reconnus que pour une petite partie des terres revendiquées. Les peuples indigènes et communautés locales sont aussi souvent confrontés à des intérêts politiques et économiques conflictuels qui cherchent soit à protéger la nature soit, dans la majorité des cas, à l’exploiter. Pourtant, les preuves scientifiques de l’importance de reconnaître les droits fonciers des populations autochtones et locales s’accumulent. Une récente étude du Consortium APAC (Aires et territoires du patrimoine autochtone et communautaire) vient compléter la littérature existante en affirmant que les droits de l’homme doivent être inclus dans les politiques de conservation pour sauver la biodiversité mondiale en voie de disparition.
Le rapport du Consortium est une analyse mondiale, de l’échelle locale à l’échelle globale, des Aires et territoires du patrimoine autochtone et communautaire (APAC) aussi appelées « territoires de vie ». Dans un premier temps, les auteurs présentent 17 territoires de vie répartis sur cinq continents, en mettant l’accent sur la manière dont les peuples autochtones et les communautés locales contribuent à la diversité de la vie sur terre grâce à leurs systèmes de gouvernance et leurs pratiques culturelles uniques. On retrouve notamment le peuple Maasaï de Tanzanie qui accueille sur ses terres le site de reproduction le plus critique au monde des flamants nains et qui abrite 11 espèces en danger critique d’extinction, 32 en danger d’extinction et 25 vulnérables.
Le document met en exergue cinq conclusions principales. 1. Le rôle des peuples autochtones et communautés locales est essentiel dans la préservation de la biodiversité. 2. Leurs contributions sont ancrées dans leurs cultures et traditions et font partie intégrante de leur système de gouvernance. 3. Les peuples autochtones et les communautés locales sont de facto les gardiens de nombreuses aires protégées et conservées, qu’elles soient étatiques ou privées, et ils conservent également une proportion importante de terres et d’environnements naturels en dehors de ces aires. 4. Ils sont en première ligne de la résistance face aux principales activités industrielles qui entraînent la perte de la biodiversité mondiale et les dégradations climatiques. 5. Même face à de graves menaces, les peuples autochtones et communautés locales font preuve d’une résilience et d’une détermination extraordinaires pour préserver leur dignité et l’intégralité de leurs terres et territoires.
Le Consortium APAC propose alors plusieurs recommandations dont une principale : celle de reconnaître et respecter le rôle central des peuples autochtones et des communautés locales dans le maintien d’une planète saine. Les auteurs encouragent les décideurs politiques en pleine discutions pour la COP15 qui fixe le cadre pour la biodiversité pour l’après-2020, de soutenir les peuples autochtones et les communautés locales pour sécuriser leurs terres et territoires collectifs, renforcer leurs systèmes de gouvernance autodéterminés et préserver leurs cultures et leurs modes de vie selon leurs propres critères. Ils demandent également d’intégrer et faire respecter les droits humains, d’endiguer les facteurs qui entraînent la perte de biodiversité et la dégradation du climat, et mettre fin aux menaces et à la violence à l’encontre des peuples et communautés qui défendent notre planète et enfin de promouvoir des financements basés sur les droits humains comme leviers essentiels pour une mise en œuvre équitable et efficace des engagements mondiaux.