Le plastique des océans : un taxi pour espèces envahissantes

Photo d'illustration ©aitoff de Pixabay

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Le Tsunami de 2011 au Japon a emporté vers la mer environ 5 millions de tonnes de débris. Ces déchets ont traversé le Pacifique, atteignant les côtes d’Hawaï, de Californie et d’Alaska transportant avec eux près de 300 espèces envahissantes.

Le plastique des océans représente une véritable voie d’accès vers de nouveaux continents pour les espèces envahissantes. Le Tsunami de 2011 au Japon en est l’exemple type. La marée a emporté vers la mer environ 5 millions de tonnes de débris qui ont dérivé vers les côtes hawaïennes, californiennes et celles de l’Alaska. En 2017, le Smithsonian Environmental Research Center a recensé 289 espèces marines japonaises qui ont été transportées vers des rivages éloignés après le tsunami, notamment des escargots de mer, des anémones de mer et des isopodes (crustacé), explique le journal Britannique The Guardian. Le média explique que le plastique en mer crée une sorte de « radeau » pour les espèces envahissantes? Ces espèces non-indigènes peuvent réduire les habitats des espèces indigènes, elles peuvent être porteuses de maladies et exercer une pression supplémentaire sur des écosystèmes déjà affaiblis par la surpêche et la pollution.

Cette dérive aussi appelée « dispersion biologique par radeau » des espèces est un phénomène tout à fait naturel souligne The Guardian. « Les organismes marins se fixent sur les détritus et parcourent des centaines de kilomètres. Des amas d’algues flottant librement comme les sargasses, parfois épaisses de 3 mètres, servent d’habitat à certaines « espèces dérivantes » dans l’Atlantique, comme les poissons de récif, les poissons-pipes et les hippocampes, qui sont de mauvais nageurs ». Bella Galil, conservatrice au musée d’histoire naturelle Steinhardt de l’université de Tel Aviv déclare dans un entretien avec le journal que l’augmentation considérable des déchets rejetés en mer ainsi que les engins de pêche abandonnés permettent aux organismes aquatiques de se fixer là où ils ne sont pas désirés. Cela transforme le processus rare et sporadique de la dispersion biologique par radeau en un processus quotidien. Il a été observé que de nombreux animaux ont survécu plus de six ans à la dérive après le tsunami ce qui est bien plus long que ce qui pouvait être imaginé auparavant.

David Barnes, écologiste benthique marin au British Antarctic Survey et professeur invité à l’université de Cambridge précise au Guardian que « La surface des océans étant désormais parsemée de plastique, il n’y a pas de limite aux déplacements des envahisseurs. Des dizaines de milliers d’espèces peuvent migrer de n’importe où à n’importe quel endroit, sur des durées allant de quelques jours à plusieurs décennies ». Une étude publiée en 2018 par la revue Marine Pollution Bulletin, a noté que 34 % des débris examinés sur l’île de Pâques portaient des organismes venus d’ailleurs. Il s’agissait notamment de gerridés (araignée d’eau), d’un corail pierreux appelé Pocillopora et de Planes major, une espèce de crabe.