Le mouvement des lieux

1872
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Le contrepoint est un « système d’écriture musicale qui a pour objet la superposition de deux ou plusieurs lignes mélodiques. »

C’est ainsi que s’exprime François Letourneux qui, le plus souvent, prend son interlocuteur à contre-pied ! En développant, avec une égale ardeur, des points de vue opposés, contradictoires.

Ce livre est un exemple remarquable de cette richesse d’être de son auteur car, le connaissant depuis 35 ans, je peux affirmer combien ce contrepoint est, avec lui, fécond.

Passionné de nature sauvage, qu’il connait comme excellent naturaliste et qu’il a fait métier de défendre, voici qu’il publie un livre sur les paysages. Alors que ceux-ci sont « une construction » affirme-t-il d’emblée, une construction faite de nature certes, mais surtout d’humanité. Il ajoute aussitôt que « le paysage est insaisissable, […] se dérobe aux explications » et n’hésite pourtant pas à se lancer dans une série magnifiquement illustrée de « petites histoires de paysages ».

Le mouvement des lieux
Petites histoires de paysages
François Letourneux
Edictions Buchet-Chastel
144 pages
29,00 €

Des histoires écrites dans une langue claire, simple, convaincante et qui, toutes, vont nous surprendre car nous en sommes les acteurs, – nous les citoyens en général, mais aussi vous lecteur qui, j’en suis sûr, avez, un jour ou l’autre, taillé brutalement vos arbres, construit un mur autour d’un jardin, arraché une haie, planté de magnifiques végétaux ou mené « une chasse impitoyable aux herbes migrantes qui réussissent à glisser une racine dans une fente du goudron, au pied des murs. » Vous qui, un jour, vous êtes étonné de retrouver le village de votre enfance envahi de béton, les plages de vos premières baignades bouleversées… et vous avec elles !

Rassurez-vous, ces petites histoires ne sont pas seulement celles de paradis perdus, mais surtout, comme l’affirme Gilles Clément dans sa préface, celles de l’acquisition d’un regard « capable de faire apparaître ce que les autres ne voient pas toujours : l’invention permanente de la vie. »

Voilà sans doute une des meilleures définitions du paysage, cet inventeur de vie. Et de François Letourneux, ce regardeur si pédagogue, étonnant, séduisant.